Jai donc appris à filer la laine au rouet. D’abord juste pour moi, pour enfin avoir de la laine qui corresponde à mes critères éthiques. Et puis de fil en aiguille, l’atelier est né. J’y travaille une laine 100% wallonne ! Et oui, elle ne fait pas des milliers de kilomètres dans un sens et puis dans l’autre avant d’arriver chez vous. Vous pouvez même me demander de quel
Par Timothée Zappi - montdemarsan le 15/07/2022 à 8h07 Dans la campagne de Bourriot-Bergonce, Carola Schöll élève un troupeau d’une espèce plus habituée aux montagnes péruviennes qu’au plat des Landes des alpagas. Elle organise des visites de sa ferme et transforme leur laine, réputée pour sa finesse C’est son petit coin de paradis », perdu à l’écart de Bourriot-Bergonce, tout près de la frontière entre les Landes et le Lot-et-Garonne. Carola Schöll a transformé cet ancien champ de ronces plus hautes qu’un adulte en une petite ferme bucolique, appelée Le Hillot. C’est là que paissent tranquillement, quand ils ne se crachent pas dessus, ses alpagas, qu’elle élève pour le plaisir des visiteurs et pour leur laine, réputée pour sa douceur et sa finesse. Dès qu’elle entre dans le premier...Dès qu’elle entre dans le premier enclos, Carlos et Raul, deux jeunes mâles, se précipitent sur Carola, qui les calme par ses paroles, tantôt en français, tantôt en allemand. La quinquagénaire explique qu’il y a un peu plus de quinze ans, son mari et elle ont rencontré un éleveur d’alpagas non loin de leur ville d’Ulm, près de Munich. J’ai tout de suite eu le coup de foudre pour ces bêtes », relate celle qui a abandonné son emploi de secrétaire du jour au lendemain pour venir s’installer dans les Landes. On dénombre entre 6 000 et 10 000 alpagas en France. Thibault Toulemonde L’arrivée de ses premières bêtes semble aujourd’hui loin. C’est maintenant elle que l’on contacte quand un particulier ne sait plus quoi faire de ses alpagas. L’animal peut être acquis sans plus de conditions qu’un chat, moyennant un cachet compris entre 1 500 et 2 500 euros. J’ai récupéré Carlos auprès d’une famille qui divorçait », souligne Carola en retenant l’ardeur des deux simili-lamas, qui se ruent sur le seau de céréales qu’elle tient. Je l’ai recueilli pour sa laine noire, assez rare. »Laine hypoallergéniqueL’éleveuse n’entretient pas son troupeau que pour le plaisir des yeux. À deux pas des enclos, accolé à la maison du couple Schöll, se trouve l’atelier de filage de Carola. Elle y dispense des ateliers pour apprendre à filer la laine d’alpaga, plus chaude que la laine de mouton et surtout hypoallergénique. En ce début de vacances, son agenda est déjà presque complet pour les jours à elle ne donne pas de cours avec son rouet et sa cardeuse manuelle, la quinquagénaire travaille sur ses créations, pulls, bonnets, écharpes et même boucles d’oreilles. Vu la quantité de laine nécessaire, je ne peux pas filer toute seule mes bêtes. Après leur tonte, j’envoie la matière brute à une microfilature de Marmande qui travaille tout type de laine, indique-t-elle. Je pourrais acheter directement de la laine d’alpaga, mais je préfère être sûre de la qualité initiale. »On dénombre entre 6 000 et 10 000 alpagas en France. Un chiffre bien trop bas pour espérer appliquer un cahier des charges commun et rigoureux aux éleveurs hexagonaux. La qualité de la laine d’alpaga est divisée en cinq catégories. Mais la France ne compte pas assez d’éleveurs pour identifier plus de deux qualités », pointe Clare Faber, vice-présidente de l’association Alpagas régions Sud-Est et Nord Arsen. J’ai peur qu’on arrive un jour aux mêmes problèmes de consanguinité que sur certaines races de chien »Impossible aussi de fonder une réelle industrie de la laine d’alpaga française. Encore moins d’espérer concurrencer les prix pratiqués par le marché péruvien, où 4 millions de bêtes étaient recensées en 2012. Un rapprochement avec le marché allemand, plus fourni en alpagas, voire néerlandais, pourrait être une solution. C’est déjà assez compliqué de regrouper les éleveurs français… », écarte Clare Faber. La cadreuse sert à filer la laine. Thibault Toulemonde Soin des bêtesCarola Schöll voit, elle, un autre point noir à ce consortium européen. Les éleveurs allemands se livrent à une course à la génétique pour avoir des alpagas toujours plus poilus pour qu’ils soient plus rentables, avance-t-elle. J’ai peur qu’on arrive un jour aux mêmes problèmes de consanguinité que sur certaines races de chien, avec des animaux à la santé fragile. »Ses bêtes, l’éleveuse en prend le plus grand soin. Elle se refuse de dépasser les 13 têtes et vend, après s’être assurée du sérieux et de la précaution du potentiel acheteur, les mâles arrivés à maturité et qu’elle ne souhaite pas compter en étalon. Le tout afin de pouvoir assurer, avec son mari, un suivi optimal de son troupeau, entre tonte, limage de dents, coupage d’ongles, vermifuges… Elle dispense même des cours d’élevage aux futurs acquéreurs d’alpagas. La laine d’alpaga est plus chaude que la laine de mouton et, surtout, hypoallergénique. Thibault Toulemonde Ses bêtes à elles sont toujours sur leur 31 pour accueillir les curieux, enfants en tête, qui visitent la ferme du Hillot. Entre 300 et 500 personnes viennent nous voir chaque année, sourit Carola. J’adore voir les gamins écarquiller leurs yeux quand ils voient les animaux. Je ne risque pas de m’arrêter tout de suite. » À l’avenir, la ferme du Hillot pourrait même accueillir des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou touchées par un handicap pour des visites à vocation thérapeutique. La suite de cet articleest réservée aux abonnées. Découvrez l'offre Premium Le journal + L’accès à l'intégralité des articles depuis 1944 + l’Édition du soir + Le Club abonnés Déjà abonné ? Se connecter 97Jrr.