Lidée d'un déclin nécessaire et définitif de toute civilisation reflète une vision anthropomorphique de la société, que l'histoire ne dément pas toujours : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », dira Paul Valéry se penchant sur le naufrage de l'Europe pendant la Grande guerre.Le deal à ne pas rater Cartes Pokémon sortie d’un nouveau coffret Ultra Premium ... Voir le deal philo Z'amis Forum des citoyens Philosophie 3 participantsAuteurMessageMorgan Kane******Sujet Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Sam 11 Nov - 1138 De Paul Valery, après la première guerre mondiale Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient pas notre Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie... ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les n’est pas tout. La brûlante leçon est plus complète encore. Il n’a pas suffi à notre génération d’apprendre par sa propre expérience comment les plus belles choses et les plus antiques, et les plus formidables et les mieux ordonnées sont périssables par accident ; elle a vu, dans l’ordre de la pensée, du sens commun, et du sentiment, se produire des phénomènes extraordinaires, des réalisations brusques de paradoxes, des déceptions brutales de l’évidence. Je n’en citerai qu’un exemple les grandes vertus des peuples allemands ont engendré plus de maux que l’oisiveté jamais n’a créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l’instruction la plus solide, la discipline et l’application les plus sérieuses, adaptés à d’épouvantables desseins. Tant d’horreurs n’auraient pas été possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anéantir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualités morales. Savoir et Devoir, vous êtes donc suspects ?_________________Tout smouales étaient les borogoves NellyAdminSujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Sam 18 Nov - 1511 Morgan Kane a écrit Je n’en citerai qu’un exemple les grandes vertus des peuples allemands ont engendré plus de maux que l’oisiveté jamais n’a créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l’instruction la plus solide, la discipline et l’application les plus sérieuses, adaptés à d’épouvantables desseins. Dur, ton texte !Les vertus du peuple allemand... Faut-il les appeler ainsi ? Tout le peuple est-il responsable ? Certes, un taré bien entouré a été démocratiquement élu, mais ne faisons-nous pas les même erreurs, nous autres Français, bien moins vertueux ?Combien d'électeurs auraient peu imaginer l'horreur qui s'en est suivie ? Morgan Kane a écrit Tant d’horreurs n’auraient pas été possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anéantir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualités morales. Savoir et Devoir, vous êtes donc suspects ? Tu sais bien que le peuple suit celui qui parle bien ! Tellement de gens se font avoir eux-mêmes en toute honnêteté vertu en espérant vivre mieux et en croyant que ce qu'on leur dit est bon. Certes, nous sommes tous des égoïstes, quelque part, ce qui n'est pas une vertu, mais la à toi Invité et reviens nous voir souvent. Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 530 Nous l'avons toujours su mais il faut régulièrement des piqûres de rappel. Ce qu'il se passe en ce moment, c'en est une aussi. On assiste à l'effondrement mondial de l'économie, du monde du travail. Un petit virus de rien a mis à terre le monde de l'entreprise. Des tas d'entreprises ne se relèveront pas entrainant à leur suite des ouvriers qui se retrouveront sans emploi. Aujourd'hui on nous demande de travailler plus pour compenser les pertes financières. Certes mais comment faire quand il n'y a plus de travail. Un monde se meurt. Qu'en renaîtra-t'il ? Morgan Kane******Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 610 Pestoune a écrit Nous l'avons toujours su mais il faut régulièrement des piqûres de rappel. Ce qu'il se passe en ce moment, c'en est une aussi. On assiste à l'effondrement mondial de l'économie, du monde du travail. Un petit virus de rien a mis à terre le monde de l'entreprise. Des tas d'entreprises ne se relèveront pas entrainant à leur suite des ouvriers qui se retrouveront sans emploi. Aujourd'hui on nous demande de travailler plus pour compenser les pertes financières. Certes mais comment faire quand il n'y a plus de travail. Un monde se meurt. Qu'en renaîtra-t'il ? Compte tenu du règne de la finance et du marché, une tentative désespérée de reconstruire le monde d'avant ..... jusqu'à la catastrophe finale .... Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus. _________________Tout smouales étaient les borogoves Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 820 Morgane Kane a écrit Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus je l'avais bien compris en vous lisant et tant mieux c'est pourquoi je n'ai pas approfondi ma pensée. Néanmoins ce n'est pas politique de dire qu'on assiste à un effondrement du monde tel que nous l'avons connu. Mais que hélas les dirigeants mondiaux continuent de s'accrocher à ce modèle. Il est temps de penser autre chose. Ce serait un travail commun à faire entre tous les pays. Un travail collégial qui donnerait une autre direction à l'humanité. Mais il faut que l'effondrement soit total pour que l'homme accepte la défaite. Il faut que le monde souffre pour renaître. C'est le triste constat de notre Histoire humaine. NellyAdminSujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 1259 Pestoune a écrit Morgane Kane a écrit Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus je l'avais bien compris en vous lisant et tant mieux c'est pourquoi je n'ai pas approfondi ma pensée. Néanmoins ce n'est pas politique de dire qu'on assiste à un effondrement du monde tel que nous l'avons connu. Mais que hélas les dirigeants mondiaux continuent de s'accrocher à ce modèle. Il est temps de penser autre chose. Ce serait un travail commun à faire entre tous les pays. Un travail collégial qui donnerait une autre direction à l'humanité. N'est-ce pas utopique ? Nous ne sommes même pas en mesure de nous entendre dans le même pays, d'être solidaires en Europe pour faire front. Pestoune a écrit Mais il faut que l'effondrement soit total pour que l'homme accepte la défaite. Il faut que le monde souffre pour renaître. C'est le triste constat de notre Histoire humaine. _________________Bienvenue à toi Invité et reviens nous voir souvent. Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 1408 Nelly a écrit N'est-ce pas utopique ? Nous ne sommes même pas en mesure de nous entendre dans le même pays, d'être solidaires en Europe pour faire front. D'où mon emploi du conditionnel Contenu sponsoriséSujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Page 1 sur 1 Sujets similaires» SOMMES NOUS ENCORE CAPABLES DE NOUS SENTIR RESPONSABLES» Sommes nous responsables de ce que nous sommes ? » ÊTRE ZEN LE SAVONS NOUS?» Du coq à l'âne, comportements et instincts, où en sommes nous?» Philosophie et MediasPermission de ce forumVous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forumphilo Z'amis Forum des citoyens PhilosophieSauter vers Nousautres, civilisations « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles » Paul Valery. Labels: quote. Newer Post Older Post Home. Search This Blog. Welcome ! A Message from your host (1) Posts on Thomas Mann (15) William Golding (11) Mikhail Bulgakov (8) Gustave Flaubert (6) Peter Matthiessen (5) Anthony Burgess 30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 0907 Civilisations, nous sommes mortelles ! Reste à le » savoir comme le précisait Paul Valéry dans Variétés Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Et j'ose ajouter reste à savoir si nous ne sommes pas dans la dernière phase. Il n'est pas d’œuvre humaine qui ne soit condamnée à périr. Cela va du moindre écrit comme celui-ci à la civilisation dans laquelle il s'insère. Et les exemples ne manquent pas dans le monde. Celui qui aurait prédit au soir du 15 novembre 1532 que l'empire inca disparaîtrait sous les coups de douze Espagnols aurait risqué sa vie. Le 16 au soir... On pourrait multiplier les exemples. Byzance, son empire et sa civilisation tombèrent en 1453 au milieu de querelles byzantines ». Vraie ou arrangée, nous est restée celle portant sur le sexe des anges ». Alors, la France de 2013 ? Comment ne pas être frappé des similitudes internes avec les dernières élucubrations de cette minorité de minorité et de ce gouvernement, dont on ne sait plus qui supporte l'autre, qui est la corde, qui est le pendu ? Comment ne pas être frappé des similitudes externes au moment où aujourd'hui, le même gouvernement relance la question du droit de vote des étrangers, alors qu'il subit et abandonne les zones de non-droit à une nouvelle féodalité barbare ? Oui, les civilisations meurent. Elles meurent par la concomitance de fêlures internes et externes qui en atteignent les œuvres vives, maquillées par un hideux replâtrage. Elles meurent à cause des mannequins tonitruants aux pieds d'argile. Elles laissent des traces, et d'autres les remplacent. Elles meurent, soit parce qu'elles ont fait leur temps, soit parce qu'on n'a pas voulu traiter quand cela était encore possible. Une civilisation à visage humain Elisabeth Kübler-Ross, dont les travaux font autorité, dégage cinq stades successifs lorsqu'un diagnostic fatal est annoncé aux humains que nous sommes le déni, la colère, le marchandage, la dépression, l'acceptation. Reste à savoir comment une société se comporte en la matière. Reste à réfléchir, peut-être à agir. Agir, c'est avoir accepté d'entendre, c'est faire le bilan des possibles sans se masquer les impossibles, c'est, prendre l'une des voies ouvertes après le stade d'acceptation laisser-aller, s'y diriger bravement, léguer pour que le témoignage perdure. Ici encore, les exemples historiques ne manquent pas, mais mieux vaut y réfléchir que d'alourdir ce texte. Mieux vaut faire le bilan... sans négliger l'espoir, mais sans s'y accrocher aveuglément. Une conclusion provisoire C'est en ce sens qu'il faut comprendre les départs, les envies de départ, ou au contraire les envies de résistance, d'enracinement, les affirmations, parfois pétries de courage, parfois pures rodomontades. C'est en ce sens qu'il faut revoir les raisons que lancent haut et fort un Depardieu, les alibis financiers d'un Arnault et de tant d'autres intouchables. C'est en ce sens que nous continuerons. Published by Pierre-François GHISONI - dans LES PLONGEES DE L'ABSURDE Ouvrage Vous autres, civilisations, savez maintenant que vous êtes mortelles. De la contre-utopie; Pages: 201 à 202; Collection: Études de littérature des xx e et xxi e siècles, n° 96; Autres informations ⮟ ISBN: 6-9; ISSN: 2260-7498; DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-10756-9.p.0201; Éditeur: Classiques Garnier; Mise en ligne
Home/citation/Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Valéry Paul Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes de Paul ValéryPaul Valéry Autres citations Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Valéry Paul Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes ICitations de Paul ValéryPaul Valéry Autres citationsNicette jeunesse, ni ses juges n'accordaient plus le moindre crédit au dire de Paul Valéry, quand la première guerre mondiale avait déjà paru secouer notre monde sur ses bases : « nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous somme mortelles ». Cette formule trop frappée est' devenue une vieille scie. Le goût aujourd'hui n'est plus de l'invoquer bouch» bée, c'est de la Article écrit par Ni film catastrophe, ni film de science-fiction, Park n’est que le miroir de notre monde à l’abandon. Civilisations mortelles Si la Grèce antique est considérée à l’unanimité comme le creuset de la civilisation occidentale, ainsi que le berceau des jeux olympiques, Sofia Exarchou nous offre ici un portrait sans pitié de sa décadence justement à travers les ruines du stade olympique édifié pour les Jeux de 2004 dans lesquelles errent des jeunes gens désoeuvrés et désespérés et des armées de chiens faméliques. Ce n’est pas seulement une figure de style, une allégorie pour mettre en scène un désespoir cinématographique, mais une réalité car la Grèce a bel et bien été ruinée par les manoeuvres machiavéliques de l’Union européenne comme l’a si bien montré le film de Costa-Gavras l’année dernière, Adults in the Room 2019. Paul Valéry l’avait prophétisé dans La Crise de l’esprit en 1919, au sortir de la Première Guerre mondiale, et l’Histoire l’a réalisé et perfectionné. En sortant de ce film, nous ne pouvons que penser à sa phrase qui en fait maintenant tout le sel Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Et mortifères pourrions-nous ajouter en 2020 en raison de la pandémie, de la misère et de notre absence totale d’avenir. Les ruines du capitalisme Mortelles, nous le sommes. Tout le film ne montre que ça, une jeunesse à la dérive à qui l’on ne propose rien d’autre que les ruines du capital, que des rêves de plage et de fêtes de pacotilles, avec la chair offerte et mollassonne des touristes de tous les pays, comme si la Grèce, ce pays issu d’une si belle civilisation, ne devait se contenter que des restes, et du rôle de bronze-cul d’une Europe maintenant quasiment ruinée. En choisissant ce décor de ruines qui n’ont rien à voir bien sûr avec celles, magnifiques et hiératiques, du Parthénon, la réalisatrice nous donne à voir notre déchéance, notre crasse, notre incapacité à créer du lien social et à préserver le patrimoine. Ce stade, qui n’a à peine qu’un peu plus de dix ans, est laissé à l’abandon prouvant à la fois la cupidité du capitalisme et l’inanité de ces Jeux olympiques qui ne sont plus qu’une infâme machine à faire du fric et dont le report à cause de coronavirus cette année n’est qu’une avanie supplémentaire dans un océan de mensonges et de malversations. Machine folle vers l’Apocalypse Dans ce décor qui sert de cadre à des enfants perdus, on pense bien sûr à Gomorra de Matteo Garrone 2008, mais la mafia en moins même si on la sent poindre le bout de son nez comme si l’absence d’avenir ne pouvait que confiner au désespoir et surtout à la violence. C’est un film magnifique en certains points, complètement désespéré, mais qui offre un portrait impressionniste de notre société, même si on en ressent à chaque plan l’inutilité tant il crève les yeux que le capitalisme est devenu maintenant une machine folle emballée vers l’apocalypse. Sofia Exarchou nous tend un miroir hélas très réaliste de notre tout proche avenir et s’en explique d’ailleurs d’une manière parfaitement claire et sans ambiguïté dans le dossier de presse du film A travers les histoires mêlées des enfants du Village Olympique, Park tente de brosser le portrait d’une génération perdue qui a été dérobée de son avenir. Entre les complexes sportifs à l’abandon, les ruines et les nouveaux centres touristiques, le film croise le passé glorieux de la Grèce avec sa décadence récente, peignant une société qui n’était pas préparée à la chute brutale qu’elle a connue. Au cœur de ces vestiges du passé, le besoin d’appartenance des jeunes est vital et leurs efforts de plus en plus violents et futiles. » AccueilCOMMENTAIRES L'AIR DU TEMPS «Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.» (Paul VALERY) L'AIR DU TEMPS «Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.» (Paul VALERY) Par. BM. Sidwaya - 3 novembre 2019. Facebook. Twitter. Pinterest. WhatsApp. Linkedin. Email. Print. Curieux insatiables, nos contemporains s'interrogent sans fin sur les civilisations. Un ministre de l'Intérieur a pu ainsi observer Contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas …. Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique » Claude Guéant, 4 février 2012. Le propos a fait polémique en raison du flou qui entoure le mot civilisations » au pluriel. Demandons-nous ce que recouvre ce mot que le ministre français a employé en lieu et place du mot sociétés ». On peut légitimement préférer la société allemande du temps de Bach à la société allemande du temps de Hitler même si l’une et l’autre relèvent de la culture allemande, elle-même partie intégrante de la civilisation européenne. Allons-nous pour autant vers une civilisation planétaire construite autour de valeurs universelles ? Rien n’est moins sûr… André Larané, avec la contribution d'Isabelle Grégor Pas de civilisation » avant le XVIIIe siècle ! Bien que d’apparence commune, le mot civilisation » n’a que trois siècles d’existence. Il est issu du latin civis, c'est-à-dire citoyen, et de civitas, qui désigne la cité, autrement dit l’ensemble des citoyens. Il apparaît d’abord dans le vocabulaire juridique pour désigner le fait de rendre civile une matière criminelle ! C'est au siècle des Lumières qu'il commence à se montrer dans un sens moderne. On le repère en 1758 dans L’Ami des Hommes, un essai politique de Victor Riqueti de Mirabeau, le père du tribun révolutionnaire C'est la religion le premier ressort de la civilisation », c'est-à-dire qui rend les hommes plus aptes à vivre ensemble. On le retrouve en 1770 dans L’Histoire des Deux Indes, un ouvrage majeur du siècle des Lumières, attribué à l’abbé de Raynal et plus probablement à Diderot La civilisation d'un empire est un ouvrage long et difficile ». Dans cet ouvrage, le mot civilisation » est employé comme synonyme de rendre policé » de polis, cité en grec. Il exprime le processus qui permet aux hommes de s’élever au-dessus de l’état de nature, en corrélation avec le développement des villes. À ce propos, il n’est pas anodin d’observer que les adjectifs apparentés civilisé », policé » et urbain » au sens d’urbanité viennent de mots latins ou grecs qui désignent tous la ville ou la cité civitas, polis, urbs. En 1795, à la fin de la Révolution, le mot civilisation a les honneurs du dictionnaire de l'Académie française avec la définition suivante Action de civiliser, ou état de ce qui est civilisé ». L'édition de 1872 est plus précise État de ce qui est civilisé, c'est-à-dire ensemble des opinions et des mœurs qui résulte de l'action réciproque des arts industriels, de la religion, des beaux-arts et des sciences ». Elle ne porte pas de jugement de valeur ni n’établit de comparaison entre différentes formes de civilisations. Le barbare n'est pas celui qu'on croit Les jugements de valeur ont longtemps été étrangers à la pensée occidentale. Quand les anciens Grecs inventent le mot barbare, il s’agit simplement d'une onomatopée par laquelle ils désignent les gens qui ne parlent pas leur langue. Le sens du mot évolue à la fin de l’Antiquité quand, choqués par la violence des invasions germaniques, les Romains commencent à opposer sauvagerie et civilisation humanitas. Le mot barbare prend alors une consonance péjorative en désignant l'ensemble des peuples hostiles qui vivent aux confins de l'empire. Mais les Romains et leurs héritiers, chrétiens à l’ouest, majoritairement musulmans à l’est, demeurent étrangers aux jugements de valeur et plus encore aux catégories raciales. Au Moyen Âge, pour les disciples du Christ comme pour ceux de Mahomet, tous les hommes ont vocation à rejoindre leur foi. À ce propos, retenons l’observation ironique de l'historien britannique Arnold Toynbee, publiée en 1972 Au lieu de diviser l’humanité comme nous le faisons, en hommes de race blanche et en hommes de couleur, nos ancêtres les divisaient en chrétiens et en païens. Nous ne pouvons manquer d’avouer que leur dichotomie valait mieux que la nôtre tant sur le plan de l’esprit que de la morale» L’Histoire, Elsevier, 1972, traduction 1978. Curieux de tout, les Européens du Moyen Âge, une fois qu’ils eurent fait le tour de leur monde imaginaire bestiaire, gargouilles…, s’échappèrent de l’étroite fin de terre » dans laquelle ils sont piégés. Ils empruntèrent la seule voie qui leur fut ouverte, la voie océanique, et c'est ainsi qu' Ils regardaient monter en un ciel ignoré/Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles » José Maria de Heredia. Brutales rencontres La rencontre avec les peuples du Nouveau Monde est brutale, d’autant plus meurtrière que s’immisce le fléau des épidémies. Elle révèle aussi aux Européens l’infinie diversité de la condition humaine Mais quoi, ils ne portent point de hauts-de-chausses ! » Cette réflexion amusée conclut le passage des Essais rédigé par Montaigne après sa rencontre avec trois Indiens du Brésil, à Rouen, en 1562. Montaigne ne s’en tient pas là. Décrivant les mœurs cruelles des cannibales » dico, il ajoute Je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté sinon que chacun appelle barbarie, ce qui n’est pas de son usage ». Et précise Je pense qu’il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu’à le manger mort, à déchirer par tourments et par géhennes, un corps encore plein de sentiment, à le faire rôtir par le menu ». La critique vise ses contemporains qui se déchirent dans les guerres de religion. Montaigne les amène à réfléchir sur leur conduite par une mise en parallèle avec une autre conduite, le cannibalisme, que son éloignement permet d’observer avec détachement. Cette démarche sera reprise un siècle plus tard par Montesquieu dans les Lettres persanes. Ses deux héros, Usbek et Rica, par leur questionnement sur la société française, amènent les lecteurs à remettre en question leurs certitudes. Pour ces penseurs éclairés, il s’agit non pas de condamner ou réprouver mais simplement de faire progresser des pratiques figées dans l’habitude et la routine. En prévenant les Occidentaux contre le péché d’arrogance et le sentiment qu’ils n’ont rien à apprendre de quiconque, l’ouverture aux sociétés étrangères devient un moteur de l’innovation. Elle s’avère efficace si l’on en juge par la liste des emprunts étrangers dans les sociétés de la Renaissance et du siècle des Lumières, depuis le tabac, originaire du Brésil, jusqu’au recrutement des hauts fonctionnaires par concours, selon la pratique chinoise du mandarinat. Publié ou mis à jour le 2021-08-23 053815
8 Vers une civilisation planétaire. Nous savons désormais que les civilisations naissent, croissent, vieillissent, et meurent. Et comme le disait fort justement Valéry, «Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». C’est une réalité qui semble inéluctable. Cependant, en ce début de XXIèmesiècle
Chaque citation exprime les opinions de son auteur et ne saurait engager Dicocitations. citations juillet 30, 2010 Frédérick Jézégou Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Paul ValéryLe Dico des citations← Le communisme, c’est les Soviets plus l’ → Une pensée sur “Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.” Esthermai 5, 2012 à 1005Permalink Agissons-nous en conséquence? Commentaires fermés. JZTH4.