L’amour de l’analyste est alors amour de la pure diffĂ©rence, ou amour de l’autre dans sa pure diffĂ©rence, en tant que cet autre donne quelque chose de sa singularitĂ©, distincte du dĂ©filĂ© de ses identifications, dans l’authenticitĂ© d’une tentative d’énonciation.

L’amour nous tombe dessus. Rencontre avec le rĂ©el. Et avec le virtuel? Qu’est-ce qu’aimer ? Qu’est-ce que l’état amoureux? On aime son compagnon ou sa compagne, ses enfants, ses parents, ses amis, on aime des gens que l’on rencontre le temps d’une soirĂ©e, de temps en temps, une amitiĂ© qui traverse le temps, ses animaux, ses voisins etc. C’est Ă  chaque fois un amour nouveau, unique, qui peut trĂšs bien avoir un air de dĂ©jĂ  vu ou pas. L’état amoureux est une dimension particuliĂšre de l’amour. On y met au moins une partie de nous-mĂȘmes quand on ne s’y engage pas tout entier. Il y a des repĂšres qui changent de place, on ne se reconnaĂźt pas tout Ă  fait, on dĂ©couvre un aspect de soi qu’on ne savait pas. Des choses qui avaient de l’importance semblent futiles, et d’autres deviennent essentielles. C’est le rĂ©el qui change, l’impossible ou l’inconcevable se dĂ©placent. Un Ă©vĂ©nement s’est produit. Ce dĂ©placement du rĂ©el peut aussi ĂȘtre l’effet des rĂ©seaux sociaux, de la communication par internet et des bouleversements des rapports entre les gens qui sont considĂ©rables. LĂ  aussi le rĂ©el a bougĂ©, nous en parlerons plus tard. Donc l’état amoureux a toujours un aspect passionnel. C’est dire que l’état amoureux est une passion. La passion amoureuse en est une variante. Freud et Lacan n’ont pas construit une thĂ©orie de l’amour. Ce qu’est l’amour Ă©chappe sans cesse Ă  quiconque veut fabriquer un modĂšle, c’est comme une anguille qui Ă©chappe indĂ©finiment des mains et qu’on ne peut pas attraper. L’amour ne peut se dire que par une dĂ©claration, dĂ©claration d’amour. C’est-Ă -dire par une Ă©nonciation d’un sujet. Lors d’une relation amoureuse, cette dĂ©claration est toujours attendue, voire traquĂ©e si tu me dis ceci, cela veut dire que tu m’aimes ». Elle peut ĂȘtre aussi codifiĂ©e, il est surprenant d’observer aujourd’hui, le retour de la demande en mariage Ă  la mode amĂ©ricaine des annĂ©es 50 ou 60, ritualisĂ©e par la cĂ©rĂ©monie de la bague. Et quand cette dĂ©claration ne s’est pas produite, cela laisse un trou, un manque. Qui n’a pas entendu des phrases comme Je sais que mon pĂšre m’aimait, il ne me l’a jamais dit, mais il me l’a montrĂ© ». En effet, l’amour se manifeste par des signes. L’amour fait signe » dit Lacan. La dĂ©claration est ce qui permet Ă  l’amour de s’inscrire dans le langage et la parole, d’ĂȘtre subjectivĂ©, de ne pas ĂȘtre qu’imaginaire. Ainsi, dans une cure analytique, lorsqu’un sujet fait une dĂ©claration Ă  son analyste, quand cela arrive, cela lui permet d’entamer le travail qui lui permettra de destituer son analyste du statut d’Autre vers celui d’autre, un homme ou une femme quelconques. Ce que n’autorise pas Socrate, dans le Banquet, lorsqu’il dit Ă  Alcibiade Ce n’est pas moi que tu aimes, mais Agathon ». Il lui dĂ©signe un autre Autre, un autre idĂ©al. C’est en ce sens que le transfert est Ă  entendre comme un nouvel amour et non pas comme la rĂ©pĂ©tition d’un amour de l’enfance. De mĂȘme, si on dit Ă  un analysant ce n’est pas moi que vous aimez, mais quelqu’un d’autre, votre pĂšre ou votre mĂšre etc. », on ne fait que renforcer l’aspect imaginaire de l’amour de transfert. Ce sentiment d’aimer a un aspect familier, dans les deux sens de familier ce qu’on connait et ce qui est de la famille; et aussi un aspect Ă©trange, Ă©tranger. Nommer ce sentiment amour », lui attribuer un signifiant, permet que cet amour puisse se dĂ©rouler, qu’on puisse se dĂ©clarer et aussi, Ă  travers ce signifiant Ă©trange d’amour, de concilier cet aspect familier et Ă©tranger en mĂȘme temps. On peut ainsi accepter ce changement considĂ©rable qu’est l’état amoureux qui nous tombe littĂ©ralement dessus en disant je suis amoureux ». L’amour est partout. Freud nous dit que l’hainamoration, est le premier sentiment humain. L’hainamoration, c’est ce concept inventĂ© par Lacan qui nous dit que l’amour et la haine sont une mĂȘme chose mais que l’on peut percevoir comme diffĂ©rentes en fonction des points de vue sous un aspect c’est de l’amour, sous un autre c’est de la haine. Lorsqu’on parle d’hainamoration, n’ignorons pas l’ignorance, l’amour ne rend-il pas aveugle? La littĂ©rature est nourrie par l’amour. Que serait la littĂ©rature sans l’amour? Chaque Ă©crivain, chaque roman ou poĂšme raconte un amour singulier, unique qui nous embarque dans une nouvelle histoire d’amour. La psychanalyse ne peut donner de reprĂ©sentation de ce qu’est l’amour, en gĂ©nĂ©ral, elle ne peut formaliser ce qu’il se passe que lors d’un amour particulier. Lacan parle de l’amour de tellement de façons diffĂ©rentes, qu’en faire le catalogue devient une Ă©numĂ©ration. Il avance nombres d’élĂ©ments Ă©clairants sur l’amour, et cela concerne l’amour de transfert. Cela nous Ă©clairera tout au long de ce travail sur l’amour. S’il a dĂ©veloppĂ© une thĂ©orie de l’amour, c’est celle de l’amour de transfert pour l’analyste. Il donne des indications trĂšs prĂ©cises aux analystes pour leur permettre de se repĂ©rer dans l’amour de transfert du cĂŽtĂ© de l’analyste. C’est la thĂ©orie du dĂ©sir de l’analyste. C’est donc Ă  partir de la question du dĂ©sir que l’on interroge celle de l’amour. DĂ©sir et amour sont intriquĂ©s dans l’amour de transfert, et ils sont tout autant intriquĂ©s dans l’état amoureux. Le dĂ©sir et l’amour ont probablement des visĂ©es diffĂ©rentes, mais ils agissent ensemble comme les doigts d’une main. On ne se sert pas de tous ses doigts Ă  chaque fois qu’on utilise sa main. Ainsi, quand Freud vient nous dire que l’amour de transfert est un vĂ©ritable amour, nous pouvons entendre qu’il s’agit d’un Ă©tat amoureux, et donc d’une forme de passion. Et quand nous parlons de l’amour de transfert, nous parlons d’un Ă©tat amoureux qui se produit avec une analyste. C’est-Ă -dire qu’il se vit dans un cadre dĂ©terminĂ© par une psychanalyste le rythme et la durĂ©e des sĂ©ances, le paiement, l’abstinence physique Ă©videmment, mais surtout l’abstinence pour l’analyste de dĂ©claration d’amour. C’est la fonction du dĂ©sir d’analyste de permettre Ă  un analyste de ne manifester aucun signe d’amour Ă  son analysant. DĂšs qu’un analyste manifeste Ă  son patient un aspect de l’image qu’il se fait de lui, de son Ă©go, de ce qu’on appelle son idĂ©al du moi, cela peut avoir valeur de dĂ©claration. Pour le dire autrement, le psychanalyste, animĂ© de son dĂ©sir d’analyste, occupe une place vide, ne demande pas Ă  ĂȘtre aimĂ©, ni Ă  aimer. Il ne doit donner aucun signe de la prĂ©sence en lui des agalmata, c’est-Ă -dire des objets visĂ©s par le patient dans l’amour de transfert, ni d’un savoir sur ce qu’est l’amour. Il faut, dira alors Lacan qu’en quelque maniĂšre nous puissions pour un temps reprĂ©senter non point l’objet comme on le croit.., non point l’objet que vise le dĂ©sir mais le signifiant[1] ». L’analyste n’a pas le phallus, il est lĂ  dans son manque Ă  ĂȘtre, c’est-Ă -dire dans son dĂ©sir, ici, dĂ©sir d’analyste. Il s’agit d’ĂȘtre lĂ  sans raison d’ĂȘtre. Le dĂ©sir d’analyste est dĂ©sir de diffĂ©rence absolue. Le signifiant Ă©tant dans son essence diffĂ©rence, le dĂ©sir d’analyste est dĂ©sir du signifiant. Il dĂ©sire le signifiant ϕ, et non pas le phallus rĂ©el ni imaginaire. Lacan poursuit il faut savoir remplir sa place en tant que le sujet doit pouvoir y repĂ©rer le signifiant manquant .. Au dernier terme, je dis au dernier terme, bien sĂ»r, Ă  l’horizon de ce qu’est notre fonction dans l’analyse, nous sommes lĂ  en tant que ça, ça justement qui se tait et qui se tait en ce qu’il manque Ă  ĂȘtre[2] ». Autrement dit, lĂ  oĂč l’analysant s’en remet Ă  un savoir supposĂ©, l’analyste rĂ©pond par son manque Ă  ĂȘtre. C’est sur ce point prĂ©cis que se diffĂ©rencient l’amour de transfert de l’amour commun, hors d’une cure analytique, c’est la seule particularitĂ© de l’amour de transfert, qui est, Ă  part cela, un Ă©tat amoureux parmi d’autres. Alors, on peut considĂ©rer que ce que Lacan a dĂ©veloppĂ© Ă  partir de l’amour courtois est Ă  prendre comme une mĂ©taphore de ce qu’il en est du cĂŽtĂ© de l’analyste de l’amour de transfert. Ainsi, lorsque nous parlons, ce soir, d’amour nous nous appuyons de l’état amoureux dans le transfert. Mais cela dĂ©crit Ă©galement ce qu’il se passe lors de n’importe quel Ă©tat amoureux. Ainsi, c’est l’état amoureux qui est ce que Freud dĂ©crit comme proche ou Ă©quivalent d’un Ă©tat pathologique, et Lacan comme d’une catastrophe psychologique. A y bien rĂ©flĂ©chir, ce changement provoquĂ© par l’amour, l’état amoureux, est extraordinaire. On accepte des choses que l’on n’a jamais acceptĂ©es ou que l’on n’accepterait de nul autre. On peut accepter d’ĂȘtre maltraitĂ© confĂšre les femmes battues, mais aussi des hommes humiliĂ©s , on peut accepter des souffrances Ă©normes confĂšre le syndrome de Stockholm , on refuse de voir des Ă©vidences que tout le monde voit sauf l’amoureuxse, on se sent capable de dĂ©placer des montagnes, on n’est plus soi-mĂȘme, on se dĂ©couvre des ressources insoupçonnĂ©es et la liste est loin d’ĂȘtre exhaustive, chacun y mettra ses expĂ©riences. Bref, il s’est produit un Ă©vĂ©nement, un fait du rĂ©el, non traumatique, en gĂ©nĂ©ral, car il n’effracte pas le fantasme et, de plus, il est intĂ©grĂ© dans le langage et la parole par le signifiant amour. Ce signifiant est absent dans le syndrome de Stockholm, ce qui accentue le trauma, qui de ce fait ne peut pas ĂȘtre symbolisĂ©. Le syndrome de Stockholm prĂ©sente toutes les caractĂ©ristiques d’un Ă©tat amoureux avec la surestimation de l’objet ou son idĂ©alisation, la tendresse plus que la sexualitĂ© pour le bourreau on comprend ses motivations et aussi l’investissement libidinal. Il y manque la dĂ©claration qui seule diffĂ©rencie cet amour de celui d’une femme battue. Ces deux Ă©tats amoureux, qui n’en forment plutĂŽt qu’un seul, mettent en Ă©vidence le dĂ©ni de rĂ©alitĂ© que l’on retrouve toujours dans l’amour, cette passion de l’ignorance toujours prĂ©sente et ignorĂ©e par le sujet. Alors comment rendre compte de ce bouleversement chez un sujet? L’idĂ©e m’a Ă©tĂ© donnĂ©e par Robert LĂ©vy qui m’a parlĂ© de dĂ©placement du rĂ©el ». La dĂ©finition du rĂ©el donnĂ©e par le Dictionnaire de la psychanalyse » semble fĂ©conde Ce que l’intervention du symbolique pour un sujet expulse de la rĂ©alitĂ© ». Ainsi, ce n’est pas un hasard, si Lacan a situĂ© le troisiĂšme passion, aprĂšs l’amour et la haine, Ă  savoir l’ignorance, entre le symbolique et le rĂ©el. Dans l’amour comme passion, la passion de l’ignorance est toujours prĂ©sente et produit des effets sur le rapport avec le rĂ©el. Continuons Ă  lire cet article qui dit Selon J. Lacan, le rĂ©el ne se dĂ©finit que par rapport au symbolique et Ă  l’imaginaire. Le symbolique l’a expulsĂ© de la rĂ©alitĂ©. Il n’est pas cette rĂ©alitĂ© ordonnĂ©e par le symbolique, appelĂ©e par la philosophie reprĂ©sentation du monde extĂ©rieur’. Mais il revient dans la rĂ©alitĂ© Ă  une place oĂč le sujet ne le rencontre pas, sinon sous la forme d’une rencontre qui rĂ©veille le sujet de son Ă©tat ordinaire. DĂ©fini comme l’impossible, il est ce qui ne peut ĂȘtre complĂštement symbolisĂ© dans la parole ou l’écriture et, par consĂ©quent, ne cesse pas de ne pas s’écrire[3] ». L’état amoureux apparaĂźt ainsi comme une rencontre avec le rĂ©el qui rĂ©veille le sujet de son Ă©tat ordinaire ». Cette rencontre n’est pas nĂ©cessairement traumatique, car le fantasme intervient pour empĂȘcher le sujet de rencontrer l’ĂȘtre de l’autre. Cette rencontre est toujours ratĂ©e, sauf si la barriĂšre du fantasme ne tient pas, on peut alors, parfois, observer une entrĂ©e dans la psychose dans la rencontre avec le rĂ©el d’un autre. C’est une constante dans l’Ɠuvre de Lacan, d’affirmer que l’amour s’adresse Ă  l’ĂȘtre. Si la question de l’ĂȘtre est un concept philosophique, ontologique, ce que j’y entend aujourd’hui est que cet ĂȘtre » pourrait ĂȘtre le rĂ©el de l’Autre, ce qui d’ailleurs ne nous avance guĂšre plus sur ce que pourrait ĂȘtre cet ĂȘtre », si mystĂ©rieux d’un point de vue analytique, que Lacan dans le sĂ©minaire sur l’identification dĂ©finit comme l’identification du sujet Ă  l’objet a[4]. Ce rĂ©el rencontrĂ© va ĂȘtre symbolisĂ©, comme nous l’avons vu, par la dĂ©claration, et de ce fait devient la rĂ©alitĂ© d’un sujet. Mais une part de ce rĂ©el n’est pas symbolisĂ©, revient Ă  la mĂȘme place oĂč le sujet ne le rencontre pas. Cela fait que l’amour Ă©chappe toujours Ă  une conceptualisation, qu’il garde toujours une part d’inapprĂ©hendable. La symbolisation permet d’apprivoiser cette expĂ©rience de l’état amoureux, de le subjectiver par l’intermĂ©diaire du fantasme, et d’éviter, la plupart du temps, que cela devienne une expĂ©rience traumatique. Ainsi, l’état amoureux vient dĂ©placer ce qui Ă©tait de l’ordre de l’impossible. L’impossible Ă©tant ce qui dĂ©finit le rĂ©el. Alors, il apparaĂźt qu’ aimer, c’est ouvrir les possibles ». L’état amoureux a pour effet de dĂ©placer le rĂ©el, de l’impossible devient possible et du possible peut devenir impossible, irreprĂ©sentable. Ce n’est pas le but de l’amour mais son effet. Pour avancer sur cette question, nous allons envisager ce qu’il se passe lors de ces amours virtuelles permises par l’internet, et de rendre compte des effets de cette forme particuliĂšre de l’amour sur le dĂ©sir. Internet et les rĂ©seaux sociaux ont changĂ©s considĂ©rablement le rĂ©el. Les distances et le rapport au temps ont Ă©tĂ© modifiĂ©s. On peut communiquer » instantanĂ©ment avec n’importe qui dans le monde entier. C’est un authentique bouleversement de l’espace-temps, un authentique dĂ©placement du rĂ©el. Nos patients tĂ©moignent de ces amours virtuelles avec ou sans rencontres des corps, qui les rĂ©veillent de leurs Ă©tats ordinaires », qui les tiennent Ă©veillĂ©s des nuits entiĂšres devant leurs Ă©crans, claviers ou tĂ©lĂ©phones, qui les transcendent tout entiers. Ces amours, on peut les qualifier de virtuelles, car elles se passent au travers d’un Ă©cran, sans contact direct, sans prĂ©sence rĂ©elle. Il n’y a pas de raison de dĂ©nier Ă  ces formes d’amour leur caractĂšre de vĂ©ritable amour. En effet, ce que rĂ©clame l’amour c’est une prĂ©sence Or, c’est Ă  la question posĂ©e Ă  l’Autre de ce qu’il peut nous donner, de ce qu’il a Ă  nous rĂ©pondre, c’est Ă  cette question que se rattache l’amour comme tel ; non pas que l’amour soit identique Ă  chacune des demandes dont nous l’assaillons, mais que l’amour se situe dans l’au-delĂ  de cette demande en tant que l’Autre peut ou non nous rĂ©pondre comme derniĂšre prĂ©sence[5] ». En Ă©coutant quelques patients parler de leurs amours, via les rĂ©seaux sociaux ou une messagerie, il devient rapidement Ă©vident qu’il s’agit d’amour; de plus quand un sujet affirme ĂȘtre amoureux, il y a lieu de l’entendre comme tel, il est amoureux. En effet, dire qu’il n’est pas amoureux revient Ă  dire que l’on sait ce qu’est l’amour. Ce que relĂšve Lacan dans le sĂ©minaire Le transfert » est que le savoir » de Socrate sur l’amour consiste en ce qu’il ne sait pas ce qu’est l’amour. Ainsi, ce que sait un psychanalyste sur l’amour, outre le fait qu’il sait que ce qui opĂšre c’est un savoir supposĂ©, c’est que dans le transfert, il y rĂ©pond par son manque Ă  ĂȘtre; ceci s’articule avec le fait que l’amour s’adresse Ă  l’ĂȘtre et que dans la cure, l’analysant y trouvera un manque. C’est cette question qui a amenĂ© Lacan Ă  faire le sĂ©minaire sur le transfert. Il y a cherchĂ©, sans vĂ©ritablement aboutir dans ce sĂ©minaire, Ă  montrer que le sujet cherche l’amour et trouve son dĂ©sir. Commençons, concernant ces amours par internet, par une vignette clinique un homme traverse une rupture trĂšs douloureuse, il est au bord du gouffre, et vient de loin presque chaque jour, Ă  sa demande. Il vient, Ă  mon avis, chercher une prĂ©sence dans le cadre de l’amour de transfert, qui lui assure une prĂ©sence rĂ©elle. Sa solitude est atroce. Et tout d’un coup, il ne tĂ©lĂ©phone plus et ne revient qu’à la date de la sĂ©ance prĂ©vue oĂč il dit qu’il a fait une rencontre. C’est une femme avec laquelle il avait eu une petite aventure Ă  l’adolescence et qu’il avait perdue de vue. Lors de cette rencontre, il ne se passe rien, ils ne font que boire un verre assez rapidement. Elle vit en couple et lui confie que cela ne va plus trĂšs bien dans son couple, c’est tout, probablement quelques regards et une bise. Mais ce patient est transformĂ©, il va tout de suite beaucoup mieux. Que s’est-il passĂ©? Il dit qu’il est pressĂ© de rentrer chez lui le soir, aprĂšs un travail trĂšs prenant et surtout qu’il n’est plus seul. La prĂ©sence de l’ĂȘtre aimĂ© est effective par l’échange constant de messages. Une prĂ©sence lui est assurĂ©e, une prĂ©sence virtuelle. Cet amour lui assure la prĂ©sence de l’Autre. Lacan dit dans le sĂ©minaire Les formations de l’inconscient » Puisque tout dĂ©pend de l’Autre, la solution c’est c’est d’avoir un Autre tout Ă  soi. C’est ce qu’on appelle l’amour[6] ». Le dĂ©sir est trĂšs prĂ©sent, dit-il, mais il se satisfait d’activitĂ©s masturbatoires, ou comme dit Freud auto-Ă©rotiques. Il est intĂ©ressant, ici, de noter ce que dit Lacan de l’auto-Ă©rotisme dans le sĂ©minaire L’angoisse » Et c’est Ă  cela que rĂ©pond le vrai sens, le sens le plus profond Ă  donner au terme d’ auto-Ă©rotisme » c’est qu’on manque de soi, si je puis dire, du tout au tout. Ce n’est pas du monde extĂ©rieur qu’on manque, comme on l’exprime improprement, c’est de soi-mĂȘme[7] ». A une image ia dĂ©faillante ou fragile rĂ©pond un amour narcissique comme une tentative de rĂ©paration en lui substituant une image idĂ©alisĂ©e de soi-mĂȘme i’a. Ainsi, cette vignette est une description d’un amour narcissique dans le plein sens du terme. Il a envie de la voir, mais n’y montre aucun empressement, disant que c’est parce qu’elle est en couple. La prĂ©sence rĂ©elle de l’autre ne semble plus nĂ©cessaire, le virtuel permet l’illusion d’une prĂ©sence rĂ©elle effectuĂ©e par une prĂ©sence essentiellement imaginaire, virtuelle. Une petite histoire drĂŽle, ancienne et sexiste, illustre cette affaire entre rĂ©el et virtuel un garçon prĂ©pubĂšre demande Ă  son pĂšre la diffĂ©rence entre rĂ©el et virtuel. Son pĂšre lui dit je vais te montrer. Il appelle sa fille, grande adolescente et lui dit accepterais-tu de coucher avec un homme pour un million, la jeune femme rĂ©flĂ©chit et rĂ©pond oui. Puis le pĂšre appelle sa femme, lui pose la mĂȘme question et obtient la mĂȘme rĂ©ponse. Le pĂšre se tourne vers son fils et lui dit tu vois on a virtuellement deux millions et rĂ©ellement on a deux putes. Cette blague est bien misogyne, j’aurais pu remplacer l’adolescente par un ado gay, pour faire plus actuel, mais j’ai prĂ©fĂ©rĂ© en garder l’original. Ces amours vĂ©ritables oĂč la prĂ©sence rĂ©elle des corps n’est plus nĂ©cessaire, une photo peut suffire, sont des amours qui ne peuvent ĂȘtre que purement imaginaires et donc entiĂšrement narcissiques. Cela pose la question de savoir si, ce qui est aimĂ©, n’est pas nĂ©cessairement soi-mĂȘme. Y a-t-il des amours qui ne sont pas narcissiques? Lucien IsraĂ«l a toujours Ă©voquĂ© ce qu’il appelait l’amour transnarcissique. Je pense que cela est possible, en particulier aprĂšs une analyse, d’aimer un autre pour ce qu’il est et ce qu’il n’est pas. En effet, cela n’est pas la mĂȘme chose que d’aimer quelqu’un qui peut correspondre Ă  un idĂ©al, ce qui a pour consĂ©quence de ne pouvoir l’aimer que tant qu’il peut correspondre Ă  cet idĂ©al; que d’idĂ©aliser quelqu’un parce qu’on l’aime, cet idĂ©alisation n’empĂȘchant pas nĂ©cessairement de le voir comme il est, avec une survalorisation de ses qualitĂ©s et une minoration de ce qui est moins agrĂ©able. Alors, la façon d’aimer a-t-elle un impact sur le dĂ©sir pour l’aimĂ©e? Ainsi de quel dĂ©sir pourra-t-il s’agir dans ces amours virtuelles? Lacan est clair sur cela, il n’y a plus de place pour le dĂ©sir, il ne s’agit que de satisfactions auto-Ă©rotiques, masturbatoires, oĂč il n’y a pas de place pour l’autre. Il dit dans le sĂ©minaire L’identification » Je dĂ©sire l’autre comme dĂ©sirant. Et quand je dis comme dĂ©sirant, je n’ai mĂȘme pas dit, je n’ai expressĂ©ment pas dit comme me dĂ©sirant. Car c’est moi qui dĂ©sire, et dĂ©sirant le dĂ©sir, ce dĂ©sir ne saurait ĂȘtre dĂ©sir de moi que si je me retrouve Ă  ce tournant, lĂ  oĂč je suis, bien sĂ»r, c’est-Ă -dire si je m’aime dans l’autre, autrement dit si c’est moi que j’aime. Mais alors j’abandonne le dĂ©sir[8] ». Il poursuit Ă  la page suivante L’arrachement dans l’amour qui met tout ce qu’on peut ĂȘtre soi-mĂȘme de dĂ©sirable hors de la portĂ©e du chĂ©rissement, si je puis dire[9] ». On ne peut se prendre comme son propre objet de dĂ©sir, on ne peut se dĂ©sirer soi-mĂȘme. Ce qu’on dĂ©sire de soi chez un autre ne peut pas ĂȘtre aimĂ©. Le dĂ©sir, qui est dĂ©sir de dĂ©sir, dĂ©sir du dĂ©sir de l’Autre, apparaĂźt comme une limite Ă  la jouissance, narcissique, ici. Pour le dire autrement, on n’aime pas le dĂ©sir pour soi-m’aime. Alors, ces amours virtuelles ne sont-elles pas une forme de rĂ©gression Ă  des amours prĂ©gĂ©nitaux? Voire mĂȘme Ă  un stade antĂ©rieur au stade phallique, qui permet de diffĂ©rencier entre l’ĂȘtre et l’avoir; question que l’on ouvrir, entendre ainsi l’ĂȘtre » se dĂ©termine-t-il par le fait d’avoir ou pas le phallus? Avant le stade phallique, le sujet, l’enfant peut ĂȘtre le phallus en tant qu’ĂȘtre, et Ă  ce moment il s’agit d’un ĂȘtre » essentiellement imaginaire, tandis qu’aprĂšs ce stade, avoir ou pas le phallus imaginaire, rĂ©el et mĂȘme symbolique si on peut dire , n’a rien Ă  faire avec l’ĂȘtre ». Ceci Ă©tant une lecture de cette question de l’ĂȘtre et de l’avoir qui se pose pour un sujet Ă  partir du stade phallique. Ainsi, ce dĂ©placement du rĂ©el, permis par internet, peut conduire des sujets Ă  se satisfaire de relations amoureuses oĂč l’autre n’existe qu’en tant qu’ĂȘtre imaginaire, ce qu’est cet autre n’a aucune importance, il peut ĂȘtre remplacĂ© sans aucune perte, sans travail de symbolisation de cette perte, c’est-Ă -dire sans deuil. Ce qui disparaĂźt dans cette affaire, c’est le dĂ©sir dans le sens oĂč on peut se passer de l’objet a cause de dĂ©sir. On se contente d’une satisfaction narcissique par soi-mĂȘme, par son imaginaire, grĂące Ă  l’illusion virtuelle d’avoir deux millions. Le prix Ă  payer pour ces amours narcissiques est la disparition du corps de l’autre, la disparition du dĂ©sir en tant que dĂ©sir du dĂ©sir de l’Autre. Cela produit un discours qui est structurĂ© comme le discours du capitaliste, qui tourne sans cesse, avec des effets aussi addictivants, que ceux que l’on observe dans ces amours virtuelles, oĂč rien ne manque, peut ĂȘtre pas mĂȘme le manque du manque. C’est dire que a ne manque Ă  A, Ă  l’Autre. Mais cette derniĂšre question fera l’objet d’un autre travail. Philippe Woloszko. Metz le 14 novembre 2019. [1] Jacques Lacan. sĂ©minaire VIII. Le transfert dans sa disparitĂ© subjective, sa prĂ©tendue situation, ses excursions techniques. Version SĂ©ance du 3 mai 1961. [2] Ibid. [3] Dictionnaire de la psychanalyse. Sous la direction de Roland Chemama. Larousse. 1993. [4] J. Lacan. SĂ©minaire IX. L’identification. Version Valas P 186 Ce a s’appelle a dans notre discours, non seulement pour la fonction d’identitĂ© algĂ©brique que nous avons prĂ©cisĂ©e l’autre jour, mais si je puis dire – humoristiquement – pour ce que c’est ce qu’on n’a plus ». C’est pourquoi on peut le retrouver par voie rĂ©gressive sous forme d’identification, c’est-Ă -dire Ă  l’ĂȘtre ce a, ce qu’on n’a plus. C’est exactement ce qui fait – par Freud – mettre le terme de rĂ©gression exactement Ă  ce point oĂč il prĂ©cise les rapports de l’identification Ă  l’amour. Mais dans cette rĂ©gression
 oĂč a reste ce qu’il est instrument 
c’est avec ce qu’on est qu’on peut, si je puis dire, avoir ou pas ». [5] J. Lacan. SĂ©minaire Le transfert 
 Op. Cit. P132. [6] J. Lacan. SĂ©minaire V. Les formations de l’inconscient. Version Valas. P 133. [7] J. Lacan. SĂ©minaire X. L’angoisse. Version Valas. P 187. Voici la citation complĂšte Les morceaux du corps originel sont ou non pris, saisis, au moment oĂč ia a l’occasion de se constituer. C’est pourquoi nous devons saisir qu’avant le stade du miroir, ce qui sera ia est lĂ , dans le dĂ©sordre des petits a, dont il n’est pas question encore de les avoir ou pas. Et c’est Ă  cela que rĂ©pond le vrai sens, le sens le plus profond Ă  donner au terme d’ auto-Ă©rotisme » c’est qu’on manque de soi, si je puis dire, du tout au tout. Ce n’est pas du monde extĂ©rieur qu’on manque, comme on l’exprime improprement, c’est de soi-mĂȘme. [8] SĂ©minaire IX. Op. Cit. P 200. [9] Ibid. P 201. SHARE IT

Lenombre de séances nécessaires ainsi que la durée des séances sont variables : en moyenne, 3 séances par semaine (de 30 min à 45 min). En outre, il faut savoir qu'une psychanalyse peut
L’hainamoration, une structure moebienne de l’amour et de la haine? Je vais vous entretenir ce soir d’un effet d’aprĂšs-coup provoquĂ© par un commentaire d’une collĂšgue lors de la premiĂšre sĂ©ance du sĂ©minaire sur le thĂšme de l’annĂ©e Ă  Metz, intitulĂ© Entre l’Autre et l’identification il y a la haine [1]». Pour introduire la question de la haine, j’avais travaillĂ© l’identification, identification primordiale, et l’avais articulĂ©e Ă  la phase du miroir dont a parlĂ© Lacan. Mon point de dĂ©part Ă©tait d’ouvrir un questionnement sur ce que peut ĂȘtre un autre pour le sujet. Pour ce faire j’ai pris Ă  un certain moment appui sur cette affirmation de Freud, confirmĂ©e par Lacan, et que personne n’a, Ă  ma connaissance, jamais remis en question, Ă  savoir que la haine Ă©tait premiĂšre, quelle Ă©tait le premier sentiment. Cette collĂšgue m’a fait remarquer que tout ce que j’avais avancĂ© contredisait l’antĂ©rioritĂ© de la haine sur l’amour. Il m’est finalement apparu que cela Ă©tait somme toute parfaitement logique si on soutient qu’il n’y a qu’une seule pulsion et non pas une opposition entre les deux pulsions de vie et de mort. En effet, si on n’oppose pas la pulsion de vie Ă  la pulsion de mort, est-il possible d’opposer l’amour Ă  la haine? La proposition faite d’une forme de continuitĂ© entre pulsion de vie et pulsion de mort comme une structure moebienne ne peut-elle ĂȘtre pensĂ©e pour l’amour et la haine? Cela me semble fondamental, car avancer qu’il n’y a qu’une seule pulsion, va modifier sensiblement l’abord thĂ©orique et donc pratique ou clinique de la haine. C’est ce que je vais tenter de dĂ©velopper. Pour Freud, il est clair que l’amour et la haine sont en continuitĂ© directe avec la pulsion de vie et la pulsion de mort. En effet, Freud Ă©crit dans une note ajoutĂ©e en 1923 au texte sur le petit Hans Son opposition de la pulsion de destruction ou pulsion de mort aux pulsions libidinales vient Ă  s’exprimer dans la polaritĂ© bien connue de l’aimer et le haĂŻr [2]». Il Ă©nonce lĂ , clairement, que l’amour et la haine sont l’expression, la manifestation des pulsions de vie et de mort, et que leur opposition relĂšve de la mĂȘme structure. Je n’ai trouvĂ© qu’une seule occurrence, oĂč Freud admet une possible remise en question de l’opposition des pulsions, c’est dans Le moi et le ça » oĂč il parle de la transformation de la haine en amour ou de l’amour en haine Si cette transformation est plus qu’une simple succession temporelle, donc un relais [3] ou une rĂ©solution , alors Ă©videmment le sol vient Ă  manquer pour une diffĂ©renciation aussi fondamentale que celle entre pulsions Ă©rotiques et de mort, qui prĂ©suppose des processus physiologiques aux cours opposĂ©s [4]».Ainsi, remettre en cause la haine comme premier sentiment, avant l’amour, apparaĂźt comme une consĂ©quence logique de l’affirmation qu’il n’y a qu’une seule pulsion. Or, dans le texte Psychologie collective et analyse du moi » Freud Ă©crit La psychanalyse voit dans l’identification » la premiĂšre manifestation d’un attachement affectif Ă  une autre personne [5]». Cela me conduit Ă  tenter de montrer que dans ce mĂ©canisme de l’identification rien ne permet de prouver que la haine est antĂ©rieure Ă  l’amour. Il s’agit donc de l’identification primordiale ou comme Freud la nomme dans Deuil et mĂ©lancolie [6]» identification narcissique. Pour ce faire, revenons rapidement sur le processus de l’identification qui est le lieu du passage de la pulsion au sentiment et celui oĂč se forme le moi. Cet extrait de Pulsions et destins des pulsions » est de ce point de vue bien Ă©clairant Qu’une pulsion haĂŻsse » un objet, voilĂ  qui paraĂźt bien dĂ©concertant pour nous, si bien que nous en venons Ă  dĂ©couvrir que les appellations amour et haine ne sont pas utilisables pour les relations des pulsions Ă  leurs objets, mais sont rĂ©servĂ©s Ă  la relation du moi-total aux objets [7] ». Pour Freud, d’une part l’objet de la pulsion n’est pas celui du moi, et d’autre part il ne peut y avoir de sentiment que dans l’aprĂšs-coup de la formation du moi, ici il prĂ©cise du moi-total. Pour continuer Ă  aller vite, la question du moi-total est liĂ©e au troisiĂšme temps de la pulsion, au nouveau sujet dont Lacan dit que ce n’est pas un nouveau sujet, mais qu’il est nouveau de voir apparaĂźtre un sujet [8] ». Pour rĂ©sumer un peu ceci, disons que l’identification primordiale, qui correspond Ă  la phase du miroir chez Lacan, est ce moment oĂč se forme le moi pour Freud et oĂč le sujet se transforme pour Lacan [9]. C’est lĂ  qu’apparaĂźt le premier sentiment dĂ©crit comme ambivalent et ce que je prĂ©fĂšre plutĂŽt dĂ©crire comme encore’ indiffĂ©renciĂ©. En effet, Freud dit L’identification est d’ailleurs ambivalente dĂšs le dĂ©but[10]» ce qu’il amĂšne de la façon suivante Elle se comporte comme un produit de la premiĂšre phase, de la phase orale de l’organisation de la libido, de la phase pendant laquelle on s’incorporait l’objet dĂ©sirĂ© et apprĂ©ciĂ© en le mangeant, c’est-Ă -dire en le supprimant [11]». Il apparaĂźt lĂ  que l’amour et la haine sont, et ceci depuis l’origine, intrinsĂšquement liĂ©s, voire mĂȘme indissociables aimer c’est aussi dĂ©truire. Il est ainsi difficile de soutenir que l’amour n’est pas du cĂŽtĂ© de la pulsion de mort. C’est pourquoi je prĂ©fĂšre dire que le sentiment est encore’ indiffĂ©renciĂ©. Je propose de nommer ce premier sentiment indiffĂ©renciĂ© » hainamoration, suivant lĂ  cette trouvaille de Lacan en 1973 lors du sĂ©minaire Encore ». Je ne souhaite pas utiliser le terme d’ambivalence, crĂ©e par Bleuler pour deux raisons la premiĂšre est qu’ambivalence renvoie Ă  deux opposĂ©es, voire des contraires, ce qui n’est pas congruent avec l’hypothĂšse de la structure moebienne. La seconde est que l’utilisation de ce terme dans l’histoire de la psychanalyse, est venue dĂ©signer essentiellement la haine, j’y reviendrai plus tard. Parler d’hainamoration permet justement de faire apparaĂźtre une continuitĂ© entre la haine et l’amour, qui ne se rĂ©sume pas Ă  une opposition. C’est ce que dit Lacan dans le sĂ©minaire XXII » ce que j’ai Ă©noncĂ© comme vĂ©ritĂ© premiĂšre, Ă  savoir que l’amour est hainamoration » [12]». D’une certaine façon, cette thĂšse est soutenue par Freud lui-mĂȘme quand il Ă©crit Cette forme, ce stade prĂ©liminaire de l’amour peut Ă  peine se diffĂ©rencier de la haine dans son comportement Ă  l’égard de l’objet. Ce n’est qu’avec l’instauration de l’organisation gĂ©nitale que l’amour est devenu l’opposĂ© de la haine [13] ». On peut remarquer que Freud parle ici de forme. Mais de quoi s’agit-il dans cette affaire d’organisation gĂ©nitale? Il s’agit des identifications secondaires, par exemple au pĂšre ou Ă  la mĂšre, dans le cas du choix de genre. Lacan parle ici de normalisation libidinale » confĂšre Le stade du miroir » . C’est la continuation de la formation du moi, l’accumulation des couches identificatoires, toute la vie durant, qui s’effectue sous la contrainte de la dĂ©termination sociale. C’est lĂ  que l’environnement signifiant, l’entourage, va pousser le sujet Ă  dĂ©cider,Ă  choisir ce qu’il peut introjecter, c’est-Ă -dire Ă  considĂ©rer comme moi et non-moi, comme dedans et dehors, comme ce Ă  quoi il peut s’identifier ou pas, et comme finalement ce qui lui est ou ce qui lui devient Ă©tranger. Ainsi, ce Ă  quoi il peut s’identifier, s’y reconnaĂźtre sera aimĂ©; et ce Ă  quoi il ne le peut pas sera haĂŻ, et cela ne peut se faire qu’aprĂšs l’identification primordiale ou narcissique. Il apparaĂźt ainsi que la question de l’aimer et du haĂŻr est intrinsĂšquement liĂ©e Ă  celle de l’identification non pas primordiale, mais de l’identification secondaire, qui est dĂ©terminĂ©e par un choix du sujet. Ce n’est que dans un second temps que l’hainamoration peut commencer Ă  se diffĂ©rencier en amour et en haine. En effet, en reprenant le stade du miroir, on perçoit que l’enfant a de lui-mĂȘme une image semblable Ă  celle qu’il a des autres corps hors de lui un corps parmi les autres; une image de semblable qui vient des autres. Le moi se forme ainsi comme image de l’autre, ceci correspond Ă  ce que Freud appelait le narcissisme primaire. Le narcissisme primaire dĂ©finit ainsi un ĂȘtre tout au dehors, d’emblĂ©e livrĂ© Ă  l’autre, et assujetti Ă  l’évĂ©nement. C’est absolument narcissique, et c’est ce que montre la phase du miroir. Le moi se forme Ă  l’extĂ©rieur, et non pas par un mouvement de l’intĂ©rieur vers l’extĂ©rieur, par une projection, mais prĂ©cisĂ©ment l’inverse le moi est d’emblĂ©e extĂ©roceptif ou il n’est pas ».[14]En effet, c’est l’autre qui fait fonction de miroir. Ainsi, le stade du miroir est aussi le paradigme, par lequel l’observateur nomme dans cette rĂ©vĂ©lation ce qui s’est accompli autrement la naissance du moi. Cette nomination oĂč l’observateur Ă©nonce c’est toi » est la matrice symbolique oĂč le je se prĂ©cipite en une forme primordiale, avant qu’il ne s’objective dans la dialectique de l’identification Ă  l’autre [15] ». C’est cette nomination qui masque l’aspect purement imaginaire du moi derriĂšre le symbolique. En effet, Freud a employĂ© indiffĂ©remment les expressions idĂ©al du moi » et moi idĂ©al ». Il ne les a pas diffĂ©renciĂ©es, bien qu’il ait repĂ©rĂ© qu’il y avait bien deux notions diffĂ©rentes. Lacan, en amenant imaginaire, symbolique et rĂ©el permet cette diffĂ©renciation. Le moi idĂ©al en est l’aspect imaginaire, le narcissisme, l’imago; alors que l’idĂ©al du moi en est l’aspect symbolique, donc articulĂ© au signifiant. Ainsi, lorsque l’enfant se reconnaĂźt dans le miroir, il a alors une image de son corps distincte des sensations internes de sa motricitĂ©. Il est pris entre la fascination primordiale par son semblable, vision captatrice de la gestalt » du corps de l’autre comme miroir et ses perceptions non visuelles de son corps, lĂ  non unifiĂ©, dĂ©pendant en sa prĂ©maturitĂ©. Il se produit alors un Ă©cart entre l’image, image de l’Autre, du semblable, extĂ©roceptive Ă  laquelle il s’identifie et la reprĂ©sentation de la perception intĂ©roceptive qu’il a de lui-mĂȘme. Pour le dire autrement, il y a un Ă©cart entre l’image et la reprĂ©sentation, entre l’imaginaire et le symbolique qui reprĂ©sente le rĂ©el de son corps , c’est-Ă -dire entre le moi idĂ©al et l’idĂ©al du moi. L’identification est finalement cette opĂ©ration qui articule l’imaginaire au symbolique, lors de laquelle le moi se forme dans cet alliage de deux consistances, l’une pleine, l’imaginaire et l’autre trouĂ©e, le symbolique, ce qui crĂ©e un Ă©cart, ces deux consistances ne pouvant pas se recouvrir. Cet Ă©cart est d’une certaine façon Ă  l’origine de la haine, qui apparaĂźt ici comme une haine du symbolique. Lacan dans le sĂ©minaire D’un Autre Ă  l’autre » reprend la question de l’identification, oĂč il se rĂ©fĂšre Ă  sa Remarque sur le rapport de Daniel Lagache » dans laquelle il traite des questions de l’identification, du narcissisme et de la formation du moi. Il note une contradiction nette » chez Freud Ă  propos de la libido d’objet et de la libido du ça, dont il dit Ceci nous introduit Ă  reposer toute la question de ce qu’il en est de l’identification [16] ». Il y explique qu’il y a une bĂ©ance entre vouloir ĂȘtre l’Un dans la champ de l’Autre et l’idĂ©alisation, ce qui confronte le sujet avec les problĂšmes narcissiques[17]. Il rĂ©sume ceci dans cette formule c’est de l’impossibilitĂ© de faire rentrer sur le plan imaginaire cet objet petit a en conjonction avec l’imagenarcissique[18] ». Je pense aller lĂ  dans le sens de ce que Radjou nous a dit lors du dernier sĂ©minaire. Ainsi, si on peut penser l’identification en terme d’écart entre imaginaire et symbolique, la question du dedans et du dehors, autrement dit du moi et du non-moi c’est-Ă -dire du moi et de l’autre, peut s’articuler autrement. C’est-Ă -dire en termes d’imaginaire et de symbolique et aussi de rĂ©el. Pour dĂ©velopper ce point, il y a lieu de reprendre l’amour et la haine dans leurs rapports avec rĂ©el, symbolique et imaginaire. Alors, si le premier sentiment est bien l’hainamoration, qu’est-ce qui va venir diffĂ©rencier l’amour de la haine au point oĂč ces sentiments peuvent apparaĂźtre comme des opposĂ©s? Lors de l’identification le moi se reconnaĂźt comme identique Ă  soi-mĂȘme », que l’on peut Ă©crire soi m’aime », c’est-Ă -dire identifier le moi imaginaire Ă  l’idĂ©al du moi symbolique , s’incorporer comme dirait Freud et ainsi se constituer comme moi. Le moi s’intĂ©riorise et de ce fait se trouve ĂȘtre symbolisĂ©, est nommĂ© comme moi. S’il ne lui semble pas ĂȘtre identique Ă  soi-mĂȘme », il est un objet, un autre, un soi-m’aime-pas soi-mĂȘme-pas », un soit-haĂŻ », il reste au dehors, Ă  l’extĂ©rieur. Ainsi, il apparaĂźt que l’amour se situe Ă  l’articulation de l’imaginaire et du symbolique. Alors logiquement la haine devrait se situer Ă  l’articulation de l’imaginaire et du rĂ©el, ce que nous montrerons tout Ă  l’heure. L’amour et la haine de ce point de vue ne sont pas des opposĂ©s, mais au contraire apparaissent comme deux pĂŽles de l’imaginaire entre le rĂ©el d’un cĂŽtĂ© et le symbolique de l’autre. Lacan amĂšne cela dĂšs le sĂ©minaire I sur le moi, oĂč entre le rĂ©el et le symbolique, se trouve la troisiĂšme passion de l’ĂȘtre l’ignorance[19]. Il y aurait lieu d’évoquer, ici, une structure borromĂ©enne, ce que je n’ai pas suffisamment travaillĂ©, et ce serait trop long pour ce soir. Les mĂ©canismes Ă  l’Ɠuvre pour dĂ©terminer si on a affaire Ă  l’amour ou la haine sont le plaisir et le dĂ©plaisir. Si la vision, la perception de l’objet identificatoire provoque du plaisir, il sera aimĂ©, et, comme lors de la phase orale il sera incorporĂ© et dĂ©truit. Si cette vision suscite du dĂ©plaisir l’objet sera haĂŻ, reconnu comme autre c’est-Ă -dire comme non-moi ou pas reconnu comme moi, extĂ©rieur. Il servira par la haine qui le vise Ă  la conservation du moi. Rappelons simplement que la haine a pour fonction la conservation du moi, cela est manifeste quand Freud met en place la deuxiĂšme topique, il substitue la pulsion de vie et la pulsion de mort aux pulsions sexuelles et aux pulsions de conservation du moi. Cela est encore un argument contredisant l’opposition stricte entre pulsion de vie et pulsion de mort et montrant que la haine n’est pas que destruction. Ainsi, c’est le plaisir ou le dĂ©plaisir qui vont orienter et donc mettre en place cette diffĂ©renciation de l’hainamoration entre ses deux pĂŽles d’amour et de haine. Ce qui est cause de plaisir sera aimĂ© et reconnu comme constitutif du moi, sera idĂ©alisĂ© et tout Ă  fait conscient, entiĂšrement dialectisĂ©, significantisĂ©, avec une consistance Ă  la fois imaginaire et symbolique. Alors que ce qui est haĂŻ appartient au monde extĂ©rieur, n’est pas reconnu comme partie du moi et va connaĂźtre le destin de ce qui est cause de dĂ©plaisir. C’est dire que cet objet haĂŻ est objet de jouissance. En effet, on peut avancer que le dĂ©plaisir, dont se soutient Freud tout au long de sa dĂ©couverte de la psychanalyse et dont il tire la pulsion de mort, correspond globalement Ă  ce que Lacan a nommĂ© jouissance. Ainsi, ce qui est cause de dĂ©plaisir, haĂŻ est de ce fait objet de la jouissance pour ĂȘtre plus prĂ©cis est cause de plus-de-jouir, de perte de jouissance qui rĂ©clame alors plus de jouissance, plus de jouissance de la haine . La jouissance est Ă  situer dans le rĂ©el. C’est-Ă -dire qu’elle n’est pas soumise Ă  la logique du signifiant, n’est pas subjectivĂ©e et donc pas consciente. Dans ce registre du rĂ©el la haine est pure jouissance. Ce qui apparaĂźt alors est ceci la haine se forme dans l’imaginaire suivant la phase du miroir Ă  partir de ce premier sentiment d’hainamoration. Ce qui lui donne une consistance imaginaire, qui est prĂ©cisĂ©ment la forme sous laquelle elle apparaĂźt au sujet. Dans ce mĂȘme temps, elle devient un rĂ©el, en tant que jouissance, de façon Ă  ce que le sujet ne puisse uniquement l’apprĂ©hender qu’en tant qu’élĂ©ment imaginaire. Cela a pour consĂ©quence importante concernant la clinique de la haine que cet aspect imaginaire peut s’enflammer sans qu’une limite symbolique puisse agir[20]. C’est exactement ce que l’on peut observer actuellement dans le discours public, oĂč domine cet aspect purement imaginaire, et oĂč la rĂ©alitĂ© se dissout dans l’imaginaire et permet toutes les exagĂ©rations tant dans le mensonge pudiquement nommĂ© fake-news que dans les thĂšses complotistes et les ambiances de lynchage que l’on trouve dans le discours public, et ceci autant dans les rĂ©seaux sociaux que dans les discours des hommes et femmes politiques, mĂȘme ceux qui soutiennent des positions modĂ©rĂ©es. Aujourd’hui plus personne ne peut tenir un discours politique qui ne fait pas d’une façon ou d’une autre allusion Ă  l’immigration, aux Ă©trangers, c’est-Ă -dire pour le moins rĂ©fĂ©rence Ă  la haine. Tous les meurtres de masses et gĂ©nocides ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s par de tels discours. Ainsi, cet imaginaire de la haine vient masquer ce qu’il en est de la haine en tant que rĂ©el. Comme illustration, prenons l’exemple de ces discours ce qu’ils viennent dire, c’est que ces Ă©trangers, ces autres ne sont pas humains, ce sont des parasites, des cloportes, des choses, de façon Ă  les dĂ©sidentifier d’une figure Ă  laquelle on puisse s’identifier, un semblable. Cette dĂ©subjectivation est en fait une dĂ©-mĂ©taphorisation qui projette ces autres dans le rĂ©el comme chose, comme ding ». Rappelons que l’identification est un mĂ©canisme qui allie l’imaginaire au symbolique. Donc, la question se pose de comment introduire du symbolique dans la haine? Robert LĂ©vy a apportĂ© un outil trĂšs important avec ce qu’il a appelĂ© l’identification idĂ©ale collective », comme Ă©tant une possibilitĂ© de mĂ©taphorisation, c’est-Ă -dire de symbolisation du rĂ©el. Ainsi, nous avons affaire Ă  ce qui concerne la nature de rĂ©el de la haine en tant que jouissance, c’est-Ă -dire la difficultĂ© Ă  la reconnaĂźtre, en particulier Ă  la reconnaĂźtre comme partie intĂ©grante et constitutive du moi. C’est une des plus grandes difficultĂ©s et rĂ©sistances lors des cures pour un sujet d’arriver Ă  se reconnaĂźtre dans sa jouissance. N’est-ce pas lĂ  le troisiĂšme pied de la passion, celle dont Lacan dit qu’elle est majeure, la passion de l’ignorance? Celle qui se caractĂ©rise par l’absence d’imaginaire. Celle qui permet de ne pas se connaĂźtre, Ă©quivalent Ă  ne pas se reconnaĂźtre dans l’Autre. Dans cette logique qui consiste, en partant de l’idĂ©e qu’il n’y a qu’une seule pulsion et non deux pulsions qui s’opposent, Ă  aboutir Ă  une structure moebienne des pulsions et par consĂ©quent Ă  cette mĂȘme structure moebienne de l’amour et de la haine, nous en sommes arrivĂ©s Ă  rĂ©duire ce qui semblait toujours apparaĂźtre comme des oppositions, Ă  ce qui sont des formes de continuitĂ© rĂ©gies par la logique moebienne. Lacan dĂ©finit d’une façon intĂ©ressante cette affaire dans le sĂ©minaire XVIII D’un discours qui ne serait pas du semblant » Le discours du MaĂźtre n’est pas l’envers de la psychanalyse, il est oĂč se dĂ©montre la torsion propre, dirais-je, du discours de la psychanalyse ce qui fait que ce discours fait poser la question d’un endroit et d’un envers, puisque vous savez l’importance de l’accent qui est mis dans la thĂ©orie, dĂšs son Ă©mission par Freud, l’importance de l’accent qui est mis sur la double inscription. Or ce qu’il s’agissait de vous faire toucher du doigt, c’est la possibilitĂ© d’une inscription double Ă  l’endroit, Ă  l’enverssans qu’ait Ă  ĂȘtre franchi un la structure dĂšs longtemps bien connue dont je n’ai eu qu’à faire usage dite de la bande de Moebius [21]». Cette citation, un peu longue, met en Ă©vidence deux Ă©lĂ©ments concernant mon propos. Tout d’abord, ce qui n’est autre que ce que j’ai avancĂ© aujourd’hui, Ă  savoir la structure moebienne proprement dite oĂč l’endroit et l’envers, comme le dedans et le dehors et par consĂ©quent le moi et l’autre ne sont pas des opposĂ©s mais ce que j’ai appelĂ© une forme de continuitĂ© dans le sens oĂč ils ne sont pas sĂ©parĂ©s par un bord, une forme de continuitĂ© sans franchissement. Et le second concerne cette torsion moebienne dont Lacan dit qu’elle est le propre du discours analytique. Si cette structure moebienne est le propre du discours de la psychanalyse, ce que j’ai tentĂ© de montrer ici, comment penser ce que Freud a toujours soutenu, Ă  savoir l’opposition des pulsions, comme de l’aimer et du haĂŻr? De la mĂȘme façon, Freud a construit toute sa thĂ©orie Ă  partir d’une logique d’oppositions; cela dĂšs Les Ă©tudes sur l’hystĂ©rie » en 1895, oĂč il met en place le conflit psychique. Tout d’abord par l’opposition entre conscient et inconscient Ă  partir du refoulement. Nous y trouvons le refoulĂ© et le non-refoulĂ© qui rĂ©pond Ă  ce processus binaire du plaisir/dĂ©plaisir. Mais ça ne marche pas, il remarque qu’il y a du plaisir dans le dĂ©plaisir. Pour en rendre compte, il lui est nĂ©cessaire de recourir Ă  la perversion. Il invoque le masochisme, qu’il Ă©tend Ă  toute la vie psychique, avec cette question oĂč il s’agit de savoir si le masochisme est primaire ou si c’est le sadisme qui se retourne sur le moi, thĂšse qu’il retiendra dans un premier temps. Ce n’est qu’en dĂ©couvrant la pulsion de mort qu’il soutiendra que le masochisme est primaire et que le retournement du sadisme sur le moi est une forme secondaire du masochisme. Sadisme et masochisme s’opposent, tout en n’étant pas ni complĂštement diffĂ©rent, ni symĂ©trique l’un de l’autre. Cela ne va pas sans rappeler la question de la primautĂ© de la mĂȘme, pour comprendre la question de la pulsion, il lui faut aussi une opposition entre deux pulsions ou groupes de pulsions tout d’abord celle entre les pulsions libidinales et les pulsions du moi ou de conservation du moi; puis entre celles de vie et de mort. Mais lorsque Freud invente la pulsion de mort dans Au delĂ  du principe de plaisir », il insiste particuliĂšrement sur le fait qu’une chose et son contraire sont les mĂȘmes du point de vue de l’inconscient; ainsi, les opposĂ©s ne sont pas antinomiques mais ont plutĂŽt un rapport en miroir au sens oĂč Lacan l’amĂšne dans le stade du miroir; ce qui introduit donc Ă  la structure moebienne. Or, pour conceptualiser l’inconscient, ce que Lacan appellerait le discours de la psychanalyse, Freud est toujours amenĂ© Ă  dĂ©crire des structures triangulaires inconscient, prĂ©conscient et conscient, le complexe d’Oedipe, le moi, le ça et le surmoi. Ceci, Ă  mon sens, est pour rendre compte de la structure langagiĂšre de l’inconscient, c’est-Ă -dire ordonnĂ©e par le signifiant et la mĂ©taphore. Lacan, quant Ă  lui n’a jamais eu besoin de recourir Ă  ce type d’opposition, au contraire, il s’est plutĂŽt employĂ© Ă  en montrer la dissymĂ©trie. Pourquoi Lacan n’a pas eu recours Ă  cette logique binaire d’opposition qui est finalement la plus commune mais qui n’est pas celle ressortissant Ă  l’inconscient? Je pense que, probablement, c’est parce qu’il ouvre cette question d’opposition Ă  une autre dimension qui est celle de la division du sujet, qui elle ne peut pas ĂȘtre rĂ©duite Ă  une simple opposition. La division subjective n’est pas une symĂ©trie dans le sens de l’opposition de contraires, mais plutĂŽt un hiatus irrĂ©mĂ©diable entre au moins deux positions du sujet s’exerçant dans des champs diffĂ©rents. En effet, trĂšs vite, Lacan va dĂ©velopper la question de la division du sujet, qui sera notĂ© $, introduit pour la premiĂšre fois dans le graphe lors du sĂ©minaire Les formations de l’inconscient » en 1957. Pour lui, il ne s’agit pas d’un conflit intra-psychique ou de deux pulsions contraires, mais de l’effet du signifiant sur un sujet dĂšs l’entrĂ©e dans le langage. Lacan n’a pas besoin de mĂ©taphoriser ou de mythifier? cette division par la mise en Ă©vidence des oppositions. Il va de soi que cela se produit et que les apparents contraires ressortissent Ă  des occurrences diffĂ©rentes du signifiant. Si Freud ne peut se passer du concept de deux pulsions opposĂ©es et son corollaire de l’opposition de la haine et de l’amour, oĂč la haine serait antĂ©rieure Ă  l’amour, c’est, me semble-t-il, par une thĂ©orisation insuffisante de la question du clivage et donc de la division subjective. Pourtant, dĂšs Les Ă©tudes sur l’hystĂ©rie » il met en Ă©vidence le clivage. C’est une question qu’il ne va commencer Ă  approfondir qu’à la toute fin de sa thĂ©orisation avec ce texte qu’il n’a pas eu le temps d’achever sur le clivage du moi[22]. En effet, tenter d’articuler les manifestations de la division subjective avec la question du moi ne peut pas se faire autrement qu’en mettant en place des oppositions comme le dedans et le dehors, le moi et l’autre etc. Ce n’est qu’en intĂ©grant pleinement le fait que la division s’effectue au niveau du langage, c’est-Ă -dire en deçà du sujet, qu’elle prĂ©-existe au sujet tout en le dĂ©terminant, que l’on peut se passer d’en rendre compte, voire de la mĂ©taphoriser sous la forme d’une opposition comme celle des pulsions ou du dedans et du dehors. Pour illustrer ceci, prenons un exemple extrĂȘmement simple en clinique, quand un sujet Ă©nonce une contradiction ou une opposition interne Ă  son psychisme, je ne me pose pas la question en terme d’opposition ou de contradiction qu’il s’agirait de faire reconnaĂźtre comme telle au sujet, mais en terme de division du sujet en regard du signifiant, afin qu’au dĂ©cours de la cure le sujet puisse se reconnaĂźtre comme divisĂ©. Par exemple, quand un sujet s’interroge pour dĂ©cider d’aller dans le sens de son dĂ©sir, pour autant qu’il puisse en savoir quelque chose, ou d’aller vers une norme sociale, c’est-Ă -dire d’obĂ©ir Ă  une injonction du surmoi qui peut lui apparaĂźtre comme venant de l’Autre, je ne pense pas ce qu’il se passe en tant que conflit, semblant se produire entre le moi et l’Autre, dont la rĂ©solution a pu ĂȘtre thĂ©orisĂ©e par un renforcement du moi, mais en tant que choix du sujet. C’est ce qu’en disent nos patients J’ai Ă  faire un choix », on est ainsi au plus prĂšs du dire du sujet. Ceci est une Ă©volution de la thĂ©orie et de la pratique analytiques consĂ©cutive Ă  ce que Lacan a transmis quant Ă  cette question de la division subjective. Lacan n’a jamais Ă©voquĂ© la structure moebienne de l’amour et de la haine, sauf une seule fois dans L’étourdit ». Je ne pense pas que Lacan, dans l’ensemble de ses Ă©crits et sĂ©minaires ait pu contredire cette thĂšse de la structure moebienne de l’amour et la haine. Il y met toutefois deux rĂ©serves le lien avec l’ambivalence d’une part, et d’autre part ce fait que l’amour et la haine ont deux supports diffĂ©rents. J’ai dĂ©jĂ  abordĂ© la relation Ă  l’ambivalence que je vais approfondir. Il a donc Ă©crit dans L’étourdit » que L’amour-haine, c’est ce dont un psychanalyste mĂȘme non lacanien ne reconnaĂźt Ă  juste titre que l’ambivalence, soit la face unique de la bande de Moebius, – avec cette consĂ©quence, liĂ©e au comique qui lui est propre, que dans sa vie » de groupe, il n’en dĂ©nomme jamais que la haine [23]». Il note lĂ  deux problĂšmes ne pas diffĂ©rencier l’amour de la haine, ce qui me semble fondamental Ă  faire, et la confusion dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©e, oĂč pudiquement l’emploi dans ce sens du terme d’ambivalence dĂ©signe la haine qui transparait dans l’amour, comme si elle ne lui Ă©tait pas consubstantielle. C’est ce qu’il dit dans le sĂ©minaire Encore » quand il introduit cette notion nouvelle de l’hainamoration Si l’hainamoration, justement, elle la psychanalyse avait su l’appeler d’un autre terme que de celui, bĂątard, de l’ambivalence, peut-ĂȘtre aurait-elle mieux rĂ©ussi Ă  rĂ©veiller le contexte de l’époque oĂč elle s’insĂšre [24]». Il l’énonçait dĂ©jĂ  explicitement Ă  propos du transfert en 1968 ambivalence pour user du mot dont la bonne Ă©ducation psychanalytique dĂ©signe la haine [25]». Or, dans le transfert, en particulier dans le transfert nĂ©gatif, c’est d’une vĂ©ritable haine dont il s’agit. D’ailleurs, cette haine n’est pas l’apanage de l’analysant. Ce que montre bien Luis Eduardo Prado De Oliveira dans son livre La haine en psychanalyse [26] ». On peut ainsi aller jusqu’à poser la question de savoir si la pratique de certains analystes, et non des moindres, avec certains de leurs analysants, n’a pas Ă©tĂ© de dĂ©velopper l’hainamoration de transfert du cĂŽtĂ© de la haine. Je pense Ă  Freud qui a pris sur son divan sa propre fille Anna, Ă  Lacan qui a eu des relations sexuelles avec son analysante Catherine Millot et Ă  la relation de Donald Winnicott avec son analysant Masud Khan. Peut ĂȘtre ces analystes Ă©taient-ils suffisamment forts ou suffisamment bons? pour s’arranger avec leur jouissance, mais leurs analysants? A l’évidence le concept d’ambivalence ne convient pas pour ces exemples extrĂȘmes, contrairement Ă  celui d’hainamoration. Quant Ă  la question de diffĂ©rencier l’amour de la haine, cela sera ce qui conclura mon propos de ce soir. Voici le point oĂč j’en suis, pour l’instant, dans ma conception de l’hainamoration, de l’amour et de la haine. Au commencement Ă©tait un seul sentiment l’hainamoration, produit par ce qui est la premiĂšre relation Ă  l’objet l’identification, identification primordiale. Cette premiĂšre relation est au dĂ©part image, c’est-Ă -dire sans reprĂ©sentation, c’est l’image de l’autre telle que la voit tout nouveau-nĂ©, comme tout animal qui peut voir ou reconnaĂźtre sa mĂšre devant sa premiĂšre perception visuelle. Chez le petit d’homme, soumis au langage, il lui faut une reprĂ©sentation, c’est-Ă -dire subjectiver cette image. C’est l’identification primordiale qui s’effectue dans les trois registres imaginaire, symbolique et rĂ©el. Cette identification a comme premier effet de produire ce premier sentiment d’hainamoration qui se dĂ©cline aussi dans les trois registres. Dans l’imaginaire nous trouverons le moi[27], dans le symbolique avec l’idĂ©al du moi cela sera l’amour et dans le rĂ©el la haine et sa jouissance. Alors, il me semble que de vouloir combattre la haine est se tromper d’objet, la haine n’est pas un problĂšme, quelque chose qu’il faudrait Ă©radiquer, que ce soit dans le monde social ou, et c’est lĂ  que nous avons quelque chose Ă  en dire, dans le transfert. Ce qui fait problĂšme, comme l’indique finalement trĂšs justement le thĂšme de cette annĂ©e, c’est l’au-delĂ  de la haine, c’est la jouissance qui peut se manifester comme dans les exemples cĂ©lĂšbres plus tĂŽt Ă©voquĂ©s, par un passage Ă  l’acte. Ce n’est pas la haine qui passe Ă  l’acte mais la jouissance. Philippe Woloszko. Paris, le 5 dĂ©cembre 2018. [1]Le texte de cet exposĂ© est consultable sur le site d’analyse freudienne. [2]S. Freud. Analyse de la phobie d’un garçon de cinq ans. IX. P123. [3]Paul-Laurent Hassoun, dans La haine la jouissance et la loi. sous la dir. de Hassoun et M. Zafiropoulos. Psychanalyse et pratiques sociales. Anthropos. 1995. Il remarque que le mot allemand, ici traduit par relais » et qu’il traduit par rĂ©solution, est Ablösung, qui note-t-il contient Ă  la fois l’idĂ©e de dissolution » Lösung, d’ amortissement » d’une hypothĂšque! et de transmission par laquelle quelqu’un vient Ă  assumer l’activitĂ© de quelqu’un d’autre tout cela est contenu dans le passage » de l’amour Ă  la haine. [4]S. Freud. Le moi et le ça. XVI. P286. [5]Freud. Psychologie collective et analyse du moi. In Essais de psychanalyse. Petite BibliothĂšque Payot. Paris. 1968. P 126. [6] L’identification narcissique est la plus originelle ». Deuil et mĂ©lancolie. XIII. P271. [7]S. Freud. Pulsions et destins de pulsions. T XIII. 1988. P184. [8]J. Lacan. SĂ©minaire XI. Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse. Version Valas. P281. [9]Lacan parle de transformation du sujet lorsqu’il s’assume comme image, dans Le stade du miroir. [10]Psychologie collective et analyse du moi. Op. Cit. P127. [11]Ibid. [12]J. Lacan. SĂ©minaire XXII. Version Valas. P 188. [13]S. Freud. Pulsions et destins de pulsions. Op. CitĂ©. P 184-5. [14]Philippe Julien. Pour lire Jacques Lacan. Le retour Ă  Freud. 1990. P45. [15]Il y suffit de comprendre le stade du miroir comme une identification au sens plein que l’analyse donne Ă  ce terme Ă  savoir la transformation produite chez le sujet, quand il assume une image imago. .. la matrice symbolique oĂč le je se prĂ©cipite en une forme primordiale, avant qu’il ne s’objective dans la dialectique de l’identification Ă  l’autre et que le langage ne lui restitue dans l’universel sa fonction de sujet. Cette forme serait plutĂŽt au reste Ă  dĂ©signer comme je-idĂ©al Ideal Ich de Freud si nous voulions la faire rentrer dans un registre connu, en ce sens qu’elle sera aussi la souche des identifications secondaires, dont nous reconnaissons sous ce terme les fonctions de normalisation libidinale. J. Lacan. Le stade du miroir. Dans Écrits. P94. [16]J. Lacan. SĂ©minaire XVI. D’un Autre Ă  l’autre. Version [17]Ibid. [18]Ibid. P 338. [19] SĂ©minaire I. Le moi dans la thĂ©orie de Freud et dans la technique de la psychanalyse. Version Valas. P 742. Ainsi se crĂ©ent Ă  la jonction du symbolique et de l’imaginaire la passion ou la cassure, si vous voulez, ou la ligne d’arĂȘte qui s’appelle l’amour, Ă  la jonction de l’imaginaire et du rĂ©el, celle qui s’appelle la haine, et Ă  la jonction du rĂ©el et du symbolique, celle qui s’appelle l’ignorance ». [20]En fait, cette inflation imaginaire repose sur la logique du plus-de-jouir qui cherchant Ă  rĂ©cupĂ©rer de la jouissance ne fait qu’augmenter la perte de jouissance et induit un mĂ©canisme entropique avec de plus en plus de jouissance pour compenser cette perte qui ne fait que s’amplifier. [21]J. Lacan. SĂ©minaire XVIII. D’un discours qui ne serait pas du semblant. Version Valas. P4. [22] S. Freud. Le clivage du moi et les mĂ©canismes de dĂ©fense. [23] L’ÉTOURDIT. In pas tout Lacan. Texte du 14 juillet 1972. P1438. [24]J. Lacan; SĂ©minaire XX. Version Valas. P192. [25]J. Lacan. Introduction de Silicet au titre de la revue de l’école freudienne de Paris. In Pas tout Lacan. P1182. Janvier 1968. [26]Luis Eduardo Prado De Oliveira. La haine en psychanalyse. Liber. MontrĂ©al. 2018. [27]N’est-ce pas le moi dans sa fonction de mĂ©connaissance? Alors, on pourrait dire que dans l’imaginaire on y trouve l’ignorance. Cela permet de penser l’hainamoration comme amour et haine et ignorance. Cela pourra ĂȘtre une autre discussion. Si l’amour rend aveugle comme on dit, il en est de mĂȘme pour la haine, cette cĂ©citĂ© n’est-elle pas plutĂŽt de l’ignorance? SHARE IT
1L’amour de transfert est un sujet auquel la psychanalyse porte un intĂ©rĂȘt toujours renouvelĂ©. Lacan lui a d’abord consacrĂ© une annĂ©e de son sĂ©minaire, pour lui attribuer ensuite un statut de concept fondamental de la psychanalyse, tout en lui donnant une place de pivot de l’expĂ©rience analytique, suivant par lĂ  le chemin tracĂ© par Freud.
Create Presentation Download Presentation Download Skip this Video Loading SlideShow in 5 Seconds.. C’est quoi l’amour ? PowerPoint Presentation Download Presentation C’est quoi l’amour ? 1 / 7 414 Views Download Presentation C’est quoi l’amour ?. PoĂšme de Tania. L'Amour c'est comme les Anges Ça n'a pas d'Ăąge MĂȘme avec des cheveux blancs On peut aimer pleinement. L'Amour c'est comme les fleurs C'est parfumĂ©. Les printemps peuvent se succĂ©der, Rien ne trouble le verbe aimer. Uploaded on Jun 13, 2013 Audrey Download PresentationC’est quoi l’amour ? - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - E N D - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Related More by User Mon Amour - . entrer. AMOUR GLACE - . j’étais glacĂ©e... ses mains se posĂšrent sur moi avec une douce violence. je n’ai pas rĂ©sistĂ©, Mon amour, - . je t ’écris cette petite lettre, pour t ’annoncer une grande nouvelle. il y a neuf mois de ça En quoi l’enseignant d’ Eps est-il - . correction sujet ue 41 session 1 dĂ©cembre 2008. expert en amĂ©nagement de L AMIANTE, C EST QUOI Amour virtuel 
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.. cĂ©tait une nuit C’ QUOI ? - . un lieu de premier accueil anonyme et gratuit. ouvert Ă  tous les jeunes confrontĂ©s de prĂ©s ou de loin C ’est combien ? - . 10 dix. c ’est combien ?. 20 vingt. c ’est combien ?. 30 trente. c ’est combien ?. 40 Un CLIC cñ€ℱest quoi? - . centre local dñ€ℱinformation et de coordination gérontologique. structure de Le danger et l ’amour Ă©ternel - . par hajar, karine et esly. il y a des siĂšcles et des siĂšcles, le prince romĂ©o Les langues Ă©trangĂšres c`est l`avenir! - . ĐąĐ”ĐŒĐ° Мы ĐžĐ·ŃƒŃ‡Đ°Đ”ĐŒ Ń„Ń€Đ°ĐœŃ†ŃƒĐ·ŃĐșĐžĐč ŃĐ·Ń‹Đș» 1 of 5 Presentation Transcript C’est quoi l’amour ? PoĂšme de TaniaL'Amour c'est comme les AngesÇa n'a pas d'ĂągeMĂȘme avec des cheveux blancsOn peut aimer pleinementL'Amour c'est comme les fleursC'est printemps peuvent se succĂ©der,Rien ne trouble le verbe c'est comme le ventÇa peut ĂȘtre tendresse, les mots douxS'accompagnent de c'est parfois un rĂȘveSe quand on a des cheveux blancs,S'il nous reste encore du c'est comme le vinC'est on avance dans le tempsS'effacent au coeur, nos 20 ansCrĂ©ation Mado Les Amours de Mado AoĂ»t 2009
Lerefoulement est un mécanisme de défense inconscient contre des pulsions qui sont ainsi réprimées ou évacuées. " C'est un processus qui consiste à repousser, à mettre hors de portée de la conscience des représentations psychiques inacceptables " définit le Pr Patrick Landman. Ces derniÚres sont taboues au niveau du Moi, de la
L’amour peut ĂȘtre dĂ©fini comme un intĂ©rĂȘt, un goĂ»t trĂšs vif manifestĂ© par quelqu’un pour une catĂ©gorie de choses, pour telle source de plaisir ou de satisfaction Cf. Larousse. Le mot Monde » vient du grec Cosmos»; c’est un systĂšme, une rĂ©alitĂ© de conjonctures que nous rencontrons tous les jours. Ce sont aussi des influences ou tendances Ă©tablies sous l’égide du malin. 1 Jean 2 15-17 LSG N’aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du PĂšre n’est point en lui; car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du PĂšre, mais vient du monde. Et le monde passe, et sa convoitise aussi; mais celui qui fait la volontĂ© de Dieu demeure Ă©ternellement. » Que signifie cette recommandation? Et pourquoi le fait d’aimer le monde fait de nous des ennemis de Dieu ? Non, non le mot n’est pas trop fort ! En effet, la Parole est mĂȘme trĂšs claire Ă  ce sujet. Jacques 4 4 LSG AdultĂšres que vous ĂȘtes! Ne savez-vous pas que l’amour du monde est inimitiĂ© contre Dieu ? Celui donc qui veut ĂȘtre ami du monde se rend ennemi de Dieu.» L’ inimitiĂ© est un sentiment d’hostilitĂ©, d’aversion, voire de haine. Mais alors qu’est-ce que l’amour du monde? Cela veut-il dire que nous devrions vivre en autarcie, coupĂ©s du monde et de tout ce qui s’y rapporte? Dans le monde mais pas du monde ! Non, le Seigneur JĂ©sus ne dĂ©sire pas que nous soyons coupĂ©s du monde, loin de tout, et que nous vivions de façon sectaire. Le PĂšre Lui-mĂȘme L’a envoyĂ© dans le monde pour une mission que nous connaissons, celle de venir libĂ©rer les captifs, guĂ©rir les malades, donner la vie en abondance, etc. Et Il a accompli Sa mission avec brio, par ce sacrifice suprĂȘme Ă  la croix ! Dans la priĂšre que JĂ©sus adresse au PĂšre dans Jean 17, il y a une nuance faite entre le fait d’ĂȘtre dans le monde et le fait d’appartenir au monde. En effet, nous sommes dans le monde mais nous ne sommes pas du monde. Cela veut dire que nous ne devons pas nous laisser influencer et vivre selon ses principes les nouvelles tendances, l’appĂąt du gain, les plaisirs charnels, etc. Revenons Ă  notre verset de base, 1 Jean2 15-17. Lorsque nous aimons le monde, c’est-Ă -dire, lorsque nous laissons de vains dĂ©sirs nous dominer, nous n’avons pas de ce fait, l’amour de Dieu en nous La convoitise de la chair est tout ce qui a rapport avec les Ɠuvres de la chair. Galates 519-21 nous en donne une liste dĂ©taillĂ©e, mais en voici dĂ©jĂ  quelques-unes l’impudicitĂ©, l’idolĂątrie, les jalousies, les divisions, ou encore l’ivrognerie. La convoitise des yeux est axĂ©e sur l’apparence extĂ©rieure, le paraĂźtre et le culte de la beautĂ©. L’orgueil de la vie s’apparente Ă  de la cupiditĂ©, la soif du pouvoir et au dĂ©sir de possĂ©der toujours plus. Toutes ces choses nous Ă©loignent de Dieu, sachant que Dieu est Esprit et que les dĂ©sirs de la chair sont contraires Ă  ceux de l’Esprit. Nous ne pouvons pas Ă  la fois servir ces choses et aimer Dieu. Rappelons-nous donc ce que nous dit Matthieu 6 24 LSG Nul ne peut servir deux maĂźtres. Car, ou il haĂŻra l’un, et aimera l’autre ou il s’attachera Ă  l’un, et mĂ©prisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. » Rien qu’en observant les temps dans lesquels nous vivons, tout pousse Ă  la perversion et autres dĂ©rives. L’une des armes que le diable utilise est la sĂ©duction. Il viendra toujours nous tenter avec des propositions qui Ă  premiĂšre vue paraissent attrayantes, mais qui pour finir, nous conduiront Ă  notre perte. Jacques 1 13-15 LSG Que personne, lorsqu’il est tentĂ© ne dise C’est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut ĂȘtre tentĂ© par le mal, et Il ne tente Lui-mĂȘme personne. Mais chacun est tentĂ© quand il est attirĂ© et amorcĂ© par sa propre convoitise. Puis, la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le pĂ©chĂ©; et le pĂ©chĂ© Ă©tant consommĂ©, produit la mort. » Nos alliĂ©s le Saint-Esprit et la Parole de Dieu! Jean 15 18-19 LSG Si le monde vous hait, sachez qu’il M’a haĂŻ avant vous. Si vous Ă©tiez du monde, le monde aimerait ce qui est Ă  lui; mais parce que vous n’ĂȘtes pas du monde, et que Je vous ai choisis du milieu du monde, Ă  cause de cela le monde vous hait. » Le Seigneur savait qu’aprĂšs Son dĂ©part, les choses ne seraient pas toujours faciles pour nous. Pour avoir Lui-mĂȘme Ă©tĂ© dans le monde, Il savait combien la tĂąche pourrait s’avĂ©rer ardue et savait que nous aurions des tribulations. C’est pour cela qu’Il nous a fait la promesse de nous envoyer le Saint-Esprit, le consolateur, qui nous conduirait dans toute la Lui qui nous guide, nous Ă©claire et nous rĂ©vĂšle les mystĂšres de la Parole, afin que nous ne pĂ©rissions point par manque de connaissance. Dans Matthieu 4, le Seigneur JĂ©sus a su rĂ©sister au diable en lui prĂ©sentant la Parole avec le fameux Il est Ă©crit !». ConnaĂźtre la Parole de Dieu et la maĂźtriser est primordial dans notre marche chrĂ©tienne. Une relation privilĂ©giĂ©e et intime avec le Saint-Esprit saura nous garder de toutes ces convoitises. Nous serons Ă  mĂȘme de laisser Ses dĂ©sirs prendre la place dans nos cƓurs. Comme nous le savons, notre Dieu est un Dieu jaloux. Dans DeutĂ©ronome 5 9, la Parole nous met en garde contre l’idolĂątrie. Par moment, et Ă  tort, nous avons tendance Ă  penser que l’idolĂątrie, c’est seulement se prosterner devant des images taillĂ©es ou des reprĂ©sentations quelconques. L’idolĂątrie est beaucoup plus subtile que cela; elle consiste aussi Ă  aimer une personne, une activitĂ©, ou encore un objet plus que Dieu. Cela peut bien ĂȘtre Ă©galement une carriĂšre, un projet, des biens matĂ©riels, une relation, etc. Toutes ces choses ne sont pas mauvaises, mais elles ne doivent pas prendre la place de Dieu sur le trĂŽne de nos cƓurs. Ne pas possĂ©der certaines choses ne signifie pas que nous sommes pauvres ou malheureux. Le Seigneur ne dĂ©sire pas non plus que nous ayons une vie misĂ©rable. Bien au contraire, Il souhaite que nous prospĂ©rions Ă  tous Ă©gards, c’est-Ă -dire qu’Il dĂ©sire que nous soyons comblĂ©s et prospĂšres dans tous les aspects de nos vies. Seulement, nous devons garder Ă  l’esprit que notre bien le plus prĂ©cieux, c’est notre salut. Que servirait-il Ă  un homme de gagner tout le monde, s’il perdait son Ăąme ? » demande JĂ©sus dans Matthieu 16 26 LSG. En effet, aspirer Ă  vivre une vie agrĂ©able et confortable n’est pas une mauvaise chose en soi, cependant nous ne devons pas omettre que nous sommes de passage sur la terre. Matthieu 633 BDS Faites donc du Royaume de Dieu et de ce qui est juste Ă  ses yeux votre prĂ©occupation premiĂšre, et toutes ces choses vous seront donnĂ©es en plus.» Voici l’une des recommandations que le Seigneur nous a donnĂ©e. En effet, nous devons plutĂŽt aspirer aux choses d’en haut; se soucier avant tout, des intĂ©rĂȘts du Royaume. Nous avons un mandat de la part du Seigneur et avons un rĂŽle Ă  jouer. Nous sommes des disciples, et nous ne devons pas attendre patiemment le retour du MaĂźtre et subir le monde. Notre prioritĂ© doit ĂȘtre de rĂ©pandre la Bonne Nouvelle du Salut autour de nous. En tant que chrĂ©tiens, nous devons avoir soif de justice. Comme le Seigneur nous le recommande, nous ne devons pas nous soucier du lendemain, ni s’inquiĂ©ter du manger ou du boire, ou de quoi nous serons vĂȘtus, car en le faisant, nous agissons comme des paĂŻens. Notre PĂšre cĂ©leste saura toujours prendre soin de nous et nous combler au-delĂ  de nos attentes. Le monde dans lequel nous vivons passera, ainsi que sa convoitise. Mais si nous faisons la volontĂ© de Dieu, nous demeurons Ă©ternellement. Oui, ce monde et tout ce qu’il propose passera, mais La parole de Dieu, elle ne passera jamais. Cest lĂ  que l’analyse nous incite Ă  ce rappel qu’on ne connait pas d’amour sans haine.1 Haine et amour Le propos de Lacan n’est pas de rappeler ce que tout un chacun connait bien, le possible basculement de l’un dans l’autre. Non, ici la haine est d’emblĂ©e concernĂ©e dĂšs que l’amour entre en jeu. Et Lacan prĂ©cise bien qu

Qu'est-ce que la cristallisation en amour ? Dans De l'Amour, Stendhal expose sa dĂ©finition de la cristallisation amoureuse. Un homme rencontre une femme et est Ă©bloui par sa beautĂ©. Comment tombe-t-il alors amoureux ? “La premiĂšre cristallisation commence. On se plaĂźt Ă  orner de mille perfections une femme de l'amour de laquelle on est sĂ»r ; on se dĂ©taille tout son bonheur avec une complaisance infinie. Cela se rĂ©duit Ă  s'exagĂ©rer une propriĂ©tĂ© superbe, qui vient de nous tomber du ciel, que l'on ne connaĂźt pas, et de la possession de laquelle on est assurĂ©. Laissez travailler la tĂȘte d'un amant pendant vingt-quatre heures, et voici ce que vous trouverez. Aux mines de sel de Salzbourg, on jette dans les profondeurs abandonnĂ©es de la mine un rameau d'arbre effeuillĂ© par l'hiver ; deux ou trois mois aprĂšs, on le retire couvert de cristallisations brillantes les plus petites branches, celles qui ne sont pas plus grosses que la patte d'une mĂ©sange, sont garnies d'une infinitĂ© de diamants mobiles et Ă©blouissants ; on ne peut plus reconnaĂźtre le rameau primitif. Ce que j'appelle cristallisation, c'est l'opĂ©ration de l'esprit, qui tire de tout ce qui se prĂ©sente la dĂ©couverte que l'objet aimĂ© a de nouvelles perfections.” Le travail de la passion crĂ©e une illusion, ou plutĂŽt une auto-illusion donc une mystification de l'ĂȘtre aimĂ© par l'amoureux la femme rĂ©elle n'existe plus, seul existe l'ĂȘtre parfait pour l'amoureux. Stendhal affirme que l'amoureux crĂ©e son objet la femme aimĂ©e Ă  partir d'une rĂ©alitĂ©, certes, mais d'une telle maniĂšre que la femme rĂ©elle est transfigurĂ©e par la passion. Et Stendhal de constater de maniĂšre ironique “L’on dirait que par une Ă©trange bizarrerie du coeur, la femme aimĂ©e communique plus de charme qu’elle n’en a elle-mĂȘme” C'est aussi la cristallisation qui rend incommunicable la passion des autres l'amour crĂ©e atour de l'aimĂ© un halo que seul l'amoureux voit et comprend. GrĂące Ă  la cristallisation, Stendhal Ă  mis au jour ce grand mĂ©canisme qui agite le coeur sans forcĂ©ment que l'homme se contrĂŽle lui-mĂȘme.

Lacanva donc extraire l’amour de son engluement narcissique pour en faire un pacte symbolique dans « les dits de l’amour » Ă  la condition qu’une « libertĂ© accepte de se renoncer elle mĂȘme ». Dans le mĂȘme souci d’attĂ©nuer la capture narcissique, il passera du « pacte » au « don actif » disant alors que « l’amour c’est donner ce qu’on n’a pas Ă  quelqu’un qui n De notre cartel fribourgeois, avec comme Plus-Un Frank Rollier, j’ai appris comment le cartel accroche Ă  l’école de psychanalyse que reprĂ©sente pour moi l’ASSREEP- NLS, par la solitude subjective Ă  laquelle il m’a convoquĂ©e. Partis chacun d’un point singulier, nous avons mis neuf mois Ă  inscrire notre travail sous un thĂšme actuel, la psychanalyse et la migration. J’y avais ajoutĂ© ce troisiĂšme signifiant l’amour. Contrairement Ă  la communautĂ©, basĂ©e sur la nĂ©cessaire exclusion d’un ennemi commun, comme je l’avais lu chez Heller-Roazen1, chacun des cartellisants est un pirate2, un qui fait l’expĂ©rience de la solitude, un hĂ©rĂ©tique3, comme Jacques Lacan et Jacques-Alain Miller, c’est-Ă -dire un qui n’hĂ©site pas Ă  choisir son propre air, sa chanson, son thĂšme de travail, que j’écris donc t’aimes ». Au bout d’un an de rencontres par Skype, chacun de nous a exposĂ©, dans son style, le point oĂč il Ă©tait arrivĂ©, devant un public qui n’avait pas forcĂ©ment entendu parler de psychanalyse. Chacun a dĂ©clinĂ© la cause de son rapport politique Ă  l’autre, son semblable, partant de son point d’exil, de ce qui, en chacun de nous, nous agite, ce qui nous est ex-time, le plus Ă©tranger et le plus singulier. À Fribourg, nous avons appris que la Suisse a quelque chose en commun avec le cartel cette drĂŽle de confĂ©dĂ©ration de 4 langues diffĂ©rentes, officielles, et qui en accueille une foule d’autres venues y vivre, s’enrichit non seulement des valeurs bancaires qu’on y dĂ©pose, mais surtout des dĂ©pĂŽts langagiers, qui forment l’humus sur lequel poussent nos fraises4. C’est sur cet humus que se transmet la psychanalyse. Le psychanalyste, comme le Suisse, on ne sait pas ce que c’est, mais la Suisse existe. 
 et l’amour ? Si Lacan voyait dans l’amour le signe d’un changement de discours, il faut le chercher dans les cartels. Non pas un amour qui enferme dans l’entre-soi, mais un nouvel amour, qui ouvre et dĂ©passe les frontiĂšres que crĂ©e le narcissisme des petites diffĂ©rences. En ce sens, notre cartel a cristallisĂ© quelque chose de ce qui nous sĂ©pare et nous unit en quoi nous autres, Suisses aborigĂšnes, nous autorisons-nous Ă  parler de migration ? Nous avons quelque chose Ă  en dire, parce que nous ne sommes pas spĂ©cialistes de la question, et pour que cela s’entende Ă  l’intĂ©rieur de notre association, j’ai demandĂ© Ă  prendre ce temps pour en dire quelque chose lors de cette journĂ©e suisse des cartels. Un cartel ne serait-il pas un symptĂŽme, un petit caillou, un empĂȘchement de tourner en rond, un obstacle au discours du maĂźtre, quelque chose qui pousse Ă  dire ? L’Ennemi de tous. Le Pirate contre les nations, Seuil, collection La librairie du XXIe siècle », Paris 2010. Le mot pirate, empruntĂ© au grec peiratĂšs, est dĂ©rivĂ© de peirasthai, tenter de faire quelque chose », ou plus exactement accomplir ». Voir Lacan, hĂ©rĂ©tique, Éric Laurent, La Cause freudienne n° 79, Paris 2011, pp. 197-204. V. le texte sur les stolons de Sergio Caretto, Dal rigetto, una politica. Note sulla politica di Freud nel movimento psicoanalitico » in Politica lacaniana, a cura di Paola Bolgiani e Rosa Elena Manzetti, Rosenberg et Sellier Ă©dit., Torino 2018, non traduit en français, commentĂ© par Francesca Biagi-Chai dans Lacan Quotidien n° 736. Chacunsait aujourd'hui que la psychanalyse a inscrit le rapport Ă  la sexualitĂ© au centre de l'expĂ©rience humaine et de sa problĂ©matique. Disons plus exactement : c'est en tant qu'elle est fonciĂšrement conflictuelle que la sexualitĂ© s'inscrit au cƓur de la vie psychique, laquelle se trouve elle-mĂȘme reconnue comme conflictuelle de sa nature mĂȘme.
‱ Une nouvelle Ă©dition de ce grand best-seller 14 000 ex. vendus ‱ Le support de rĂ©fĂ©rence pour parler aux 5-13 ans de la sexualitĂ© ‱ Des dessins et un texte Ă  la fois directs, beaux et respectueux Nombreux sont ceux qui dĂ©noncent aujourd’hui le rapport faussĂ© que les jeunes entretiennent avec la sexualitĂ© ThĂ©rĂšse Hargot,... D’oĂč l’urgence d’un discours vrai, qu’enfants et parents trouveront dans ce support qui explique aux 5-13 ans, dans un langage adaptĂ©, la beautĂ© de l’amour et de la sexualitĂ©. Cette nouvelle Ă©dition profite de l’expĂ©rience toujours plus grande de son auteur auprĂšs des petits et des grands pour leur parler du corps, de l’amour, de l’origine de la vie, du dĂ©veloppement du bĂ©bĂ© et, sujet original mais tellement liĂ©, de l’esprit qui guide le corps. InĂšs de Franclieu, mĂšre de famille, est une confĂ©renciĂšre Ă  succĂšs spĂ©cialisĂ©e dans l’éducation affective et sexuelle. Interview de l’auteur dans PĂšlerin du 25 aoĂ»t 2016 Recension sur le site de la CEF Jeunes Cathos Blog le 2 octobre 2016 Recension dans Le Bulletin du rosaire de novembre 2016 Article dans ZĂ©lie de septembre 2018 Interview de l’auteur + prĂ©sentation du livre sur Aleteia le 15 novembre 2018
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