ClaudeBeylie - Pagnol ou le cinĂ©ma en libertĂ©, Atlas-Lherminier, 1986 ; réédition, De Fallois, 1995. Raymond Castans - Marcel Pagnol, LattĂšs, 1987 paru en Le Livre de poche en 1995. Raymond Castans - Il Ă©tait une fois Marcel Pagnol, Julliard 1978 / De Fallois, Fortunio, 1995. Henri Daries - Un bout de chemin avec Marcel Pagnol, Edisud, 1995 Imprimer E-mail Il est toujours difficile d'ĂȘtre le fils de son pĂšre, surtout lorsqu'on se nomme Renoir et que l'un, Jean, aspire par le cinĂ©ma Ă  partager la cĂ©lĂ©britĂ© de l'autre, le peintre, Pierre-Auguste. Toute sa vie, le cinĂ©aste Jean Renoir a vĂ©cu dans l'ombre de son pĂšre, avec le sentiment d'ĂȘtre un ratĂ©. Dans la RĂšgle du Jeu, film de 1939, interprĂ©tant le rĂŽle d'Octave, il confie Ă  sa partenaire, Nora Gregor, sur le perron du chĂąteau de la FertĂ© Saint-Aubin, ce lourd secret qui lui pĂšse et dont il ne parvient pas Ă  se dĂ©faire. BoudĂ© par le public, si ce n'est Ă  l'occasion de la sortie d'un seul film, La Grande Illusion de 1937, il a le sentiment de ne pas ĂȘtre Ă  la hauteur de ce pĂšre Ă  l'Ă©gard duquel il nourrit un sentiment de culpabilitĂ©. On le mesure dans La Chienne, film de 1931, dans lequel Jean Renoir raconte la dĂ©chĂ©ance d'un employĂ© de banque, interprĂ©tĂ© par Michel Simon, qui vend tous les tableaux qu'il peint Ă  ses heures de loisir pour entretenir sa maĂźtresse, une femme de mauvaise vie. Cette fiction, malgrĂ© son issue tragique, n'est pas sans rapport avec la rĂ©alitĂ© que connaĂźt Jean Renoir, lui qui a Ă©pousĂ© Catherine Hessling, dernier modĂšle de son pĂšre et actrice de ses premiers films. C'est pour elle qu'il dilapide son patrimoine en vendant les tableaux de son pĂšre. Peine perdue. Le succĂšs n'est pas au rendez-vous. Ainsi un sentiment d'Ă©chec et de honte va l'habiter toute sa vie et parcourir toute son oeuvre. Le souvenir de ce pĂšre dont il se sent redevable, le hante. Sur le tard, alors que sa santĂ© dĂ©clinante l'oblige Ă  une activitĂ© rĂ©duite, c'est encore Ă  son pĂšre qu'il consacre son temps en Ă©crivant ce merveilleux livre autobiographique qu'il intitule tout simplement Pierre-Auguste Renoir, mon pĂšre. Il est trĂšs tentant aujourd'hui, lorsque l'on revoit Partie de campagne, de mesurer, dans ce petit film de 1936 l'influence picturale du pĂšre. Jean Renoir va tourner ce film dans cette propriĂ©tĂ© familiale de Marlotte, oĂč Pierre-Auguste Renoir venait, avec des amis peindre sur le vif les canotiers sur le Loing. De mĂȘme, plus de vingt ans plus tard, il plantera le dĂ©cor du DĂ©jeuner sur l'herbe dans le domaine des Collettes, aujourd'hui MusĂ©e Renoir de Cagnes-sur-Mer oĂč Pierre-Auguste Renoir, sur la fin de sa vie venait peindre tout en soignant ses rhumatismes dĂ©formants. On pourrait s'amuser Ă  repĂ©rer et compter les plans de Partie de campagne qui renvoient, telles des citations, aux tableaux non seulement de son pĂšre mais Ă©galement d'autres peintres qui travaillaient sur les mĂȘmes motifs comme Caillebotte ou Monet. Mais on se tromperait lourdement si l'on croyait que Renoir cherche Ă  reproduire dans son film ces modĂšles picturaux prestigieux. D'ailleurs les plans qui semblent le plus relever de l'Ă©cole impressionniste, ne sont pas de Renoir mais de collaborateurs qui les exĂ©cutĂšrent en l'absence du patron » occupĂ© Ă  la prĂ©paration de son film suivant, Les Bas-Fonds. Pour bien comprendre ce rapport qu'il entretient avec la peinture, il faut souligner que Jean Renoir a vĂ©cu, toute sa vie, dans un environnement de peintres et c'est tout naturellement que son imaginaire s'est nourri des motifs , des sujets qui les ont inspirĂ©s. Les reflets des ciels changeants sur la surface de l'eau en mouvement, les vibrations lumineuses dans les frondaisons, les plaisirs des guinguettes au bord de l'eau construisent l'univers d'un cinĂ©aste qui Ă©tait d'abord le fils d'un peintre ». Le goĂ»t de la nature, l'amour des femmes qui habitent tous les films de Renoir relĂšvent de cet hĂ©ritage sur lequel il revient dans ses Ecrits 1926-1971 TrĂšs souvent, des amis me demandent si je puis me considĂ©rer comme un Ă©lĂšve de mon pĂšre. A cela, je leur rĂ©ponds trĂšs fermement que non, je suis certainement influencĂ© par mon pĂšre parce qu'on est toujours influencĂ© par ses parents. Si j'avais Ă©tĂ© le fils d'un horticulteur, il est probable que je m'y connaĂźtrais en fleurs, en plantes, en jardins. Etant fils de peintre, il est Ă©vident que la peinture m'intĂ©resse et, quand on regarde la peinture, eh, bien, la peinture vous influence. » S'il est un motif, dans ce film, qu'il emprunte Ă  l'Ɠuvre picturale du pĂšre, c'est bien sĂ»r celui de la balançoire par laquelle Henriette, l'hĂ©roĂŻne, interprĂ©tĂ©e par Sylvia Bataille, excite la curiositĂ© et le dĂ©sir des canotiers. Loin de recopier le tableau de son pĂšre, il s'en dĂ©marque. Alors que seule la mĂšre est sur la balançoire du peintre, le cinĂ©aste met en scĂšne deux femmes, Henriette et sa mĂšre et finit par isoler la premiĂšre qui finit par s'exposer, avec toute l'innocence d'une vierge, aux regards des autres personnages et de la camĂ©ra. A la fixitĂ© du cadre pictural, Jean Renoir rĂ©pond par la mobilitĂ© de sa camĂ©ra qui tourne autour du portique comme pour Ă©liminer les gĂȘneurs que sont la grand-mĂšre, le mari et le fiancĂ©, et isoler les deux femmes qui s'offrent alors aux regards chargĂ©s de convoitise des canotiers, des jeunes garnements, des sĂ©minaristes en promenade et bien sĂ»r des spectateurs. Le cinĂ©aste relĂšve dans cette sĂ©quence un double dĂ©fi. Tout en cherchant Ă  s'affirmer face Ă  l'Ɠuvre de son pĂšre, il s'impose des contraintes techniques au service de son projet. En positionnant la camĂ©ra sur la balançoire, l'image animĂ©e de mouvements verticaux est Ă  mĂȘme de traduire le vertige Ă©prouvĂ© par Henriette mais aussi par les diffĂ©rents voyeurs, spectateurs compris que les dessous de la jeune fille excitent. Ainsi Jean Renoir s'Ă©carte-t-il de la rĂ©fĂ©rence paternelle pour retrouver Ă  travers elle un tableau de Fragonard, intitulĂ© Les Hasards heureux de l'escarpolette, tant admirĂ© par Pierre-Auguste Renoir. Ce dialogue que Jean Renoir noue avec la peinture est au service de sa stratĂ©gie narrative. La peinture, comme le cinĂ©ma posent le problĂšme du regard qui peut se faire voyeur. A partir de cette sĂ©quence construite en rĂ©fĂ©rence Ă  cette Ɠuvre picturale, la camĂ©ra, dans Partie de campagne, a toujours un temps d'avance sur les personnages, comme si le destin de Henriette Ă©tait conditionnĂ© par les attentes des spectateurs. Alors, juste avant de cĂ©der au canotier entreprenant, elle jette aux spectateurs, en gros plan, ce regard camĂ©ra , regard interdit qui les dĂ©busque dans leur position confortable de voyeur. Ainsi la balançoire, de motif pictural devient un motif cinĂ©matographique. Jean Renoir se dĂ©marque de l'Ɠuvre de son pĂšre qui l'a nourri pour construire son regard de cinĂ©aste. Au-delĂ  de cet exemple cĂ©lĂšbre, on comprend pourquoi Jean Renoir, malgrĂ© ses insuccĂšs ou la piĂštre opinion qu'il pouvait avoir de lui-mĂȘme, est considĂ©rĂ© par tous les grands cinĂ©astes comme la rĂ©fĂ©rence absolue, le maĂźtre, le patron. C'est certainement Ă  l'influence de son pĂšre qu'il le doit. Dans son livre autobiographique, Pierre-Auguste Renoir, mon pĂšre, il rappelle que ce pĂšre, tant admirĂ©, resta jusqu'au jour de sa mort Ă  l'affĂ»t du motif ». Cette attitude de chasseur qui consiste Ă  peindre devant le sujet pour mieux saisir la lumiĂšre et retranscrire avec toute la fraĂźcheur de la spontanĂ©itĂ©, la sensation Ă©prouvĂ©e devant le motif, on la retrouve dans toute l'Ɠuvre cinĂ©matographique de Jean Renoir. Se dĂ©marquant de ses contemporains et mĂȘme de bon nombre de rĂ©alisateurs d'aujourd'hui, il a toujours adaptĂ©, par l'innovation, la technique et l'a mise au service de l'acteur. Pour lui, ce n'est pas le scĂ©nario qu'il s'agit de suivre mais l'acteur poussĂ© Ă  l'improvisation par le metteur en scĂšne. Par un jeu complice, chacun donnant le meilleur de lui-mĂȘme, les sentiments les plus profonds s'expriment et les situations s'enrichissent de cette Ă©motion contenue, donnĂ©e en partage aux spectateurs. C'est la grande leçon que Jean Renoir nous a donnĂ©e et c'est Ă  son pĂšre qu'il la doit. Louis d'Orazio Si vous ĂȘtes adhĂ©rent, identifiez-vous pour pouvoir commenter l'article Pourla tradition judĂ©o-chrĂ©tienne, il reprĂ©sente l'ange dĂ©chu (IsaĂŻe 14 :12). Pour la tradition grĂ©co-romaine, Lucifer Ă©tait associĂ© Ă  l'Ă©toile du matin, la planĂšte VĂ©nus, symbole de beautĂ© et d'intelligence. Lucy, la plus jeune fille d'Anthony, Ă©tait peintre, vouĂ©e aux beaux-arts, et son pĂšre Ă©tait fier d'elle. Mais il Ă©tait Qui ? Quand ? Pourquoi ? La question a Ă©tĂ© tournĂ©e, retournĂ©e des dizaines de fois. Sans toutefois que le voile du mystĂšre ne se lĂšve. Le dernier Ă  s’ĂȘtre frottĂ© Ă  la chose est un cinĂ©aste espagnol de 36 ans. Samuel Alarcon. Il a signĂ© un documentaire Le crĂąne de Goya », prix du meilleur scenario au festival de Madrid et retenu au FIPA 2019, coproduit par les Bordelais de Marmita Films J’ai eu le...Qui ? Quand ? Pourquoi ? La question a Ă©tĂ© tournĂ©e, retournĂ©e des dizaines de fois. Sans toutefois que le voile du mystĂšre ne se lĂšve. Le dernier Ă  s’ĂȘtre frottĂ© Ă  la chose est un cinĂ©aste espagnol de 36 ans. Samuel Alarcon. Il a signĂ© un documentaire Le crĂąne de Goya », prix du meilleur scenario au festival de Madrid et retenu au FIPA 2019, coproduit par les Bordelais de Marmita Films J’ai eu le fantasme que la vĂ©ritĂ© surgisse, que l’on puisse retrouver ce crĂąne
 », souffle-t-il. Goya, un rĂ©fugiĂ© Ă  Bordeaux L''institut Cervantes, Ă  Bordeaux Francisco Goya passe les huit derniers mois de sa vie au 57 cours de l'Intendance, Ă  Bordeaux. Petit retour en arriĂšre. Francisco Goya y Lucientes s’installe Ă  Bordeaux en 1824. Il a 78 ans, n’entend plus rien et ne parle pas un mot de français. Mais jouit d’une immense renommĂ©e, d’oĂč sa charge de peintre Ă  la cour d’Espagne. Or, l’absolutisme du roi Fernando VII le pousse Ă  l’exil. Le gĂ©nial Aragonais prĂ©texte une cure thermale Ă  PlombiĂšres pour filer Ă  l’anglaise et gagner les bords de Garonne. Il y retrouve une diaspora espagnole acquise aux idĂ©es libĂ©rales. Sa jeune compagne, LĂ©ocadia, s’installe avec lui et ses deux enfants. En quatre ans, la famille dĂ©mĂ©nage quatre fois. Les huit derniers mois de sa vie , il les passe au 57 cours de l’Intendance, oĂč est dĂ©sormais installĂ© l’Institut CervantĂšs. A Bordeaux, Goya frĂ©quente ses compatriotes. Son grand Ăąge ne le fait pas renoncer au travail. Au contraire. Il s’initie aux techniques de gravures. Surtout, il arpente la ville, un carnet de croquis Ă  la main, assiste aux courses de taureaux, aux exĂ©cutions capitales place de la Victoire... Il existe 44 dessins jetĂ©s sur le papier qui racontent les Bordelais, vus par l’Ɠil de Goya. De ce sĂ©jour, on retiendra aussi le premier chef d’Ɠuvre de la lithographie et l’un de ses derniers chefs-d’oeuvre les quatre piĂšces baptisĂ©es Taureaux de Bordeaux. Et, bien sĂ»r, la cĂ©lĂšbre LaitiĂšre de Bordeaux », exposĂ©e au Prado Ă  Madrid. L’oubliĂ© de la Chartreuse 16 avril 1828. 2 heures du matin. El pintor » s’éteint Ă  82 ans dans son appartement du cours de l’Intendance. La nouvelle se rĂ©pand comme une traĂźnĂ©e de poudre. Si bien que l’Église Notre-Dame est pleine quand les obsĂšques sont cĂ©lĂ©brĂ©es en fin de journĂ©e. Goya est inhumĂ© au cimetiĂšre de la Chartreuse, dans la tombe de Miguel Martin Goicochea. Un ami proche qui est aussi le beau-pĂšre de Javier Goya, le fils du peintre. En froid avec son pĂšre, ce dernier ne vient Ă  Bordeaux que huit jours aprĂšs le dĂ©cĂšs. Il prend soin de faire rapatrier les meubles de son pĂšre. Pas son corps. Laissant au passage LĂ©ocadia dans le plus grand dĂ©nuement. Sur le cĂ©notaphe de la Chartreuse il est gravĂ© dans la pierre "A Goya". Les annĂ©es passent. Goya est abandonnĂ© Ă  l’oubli de l’exil. Un demi-siĂšcle s’écoule. Et voilĂ  qu’au hasard d’une visite sur la tombe de sa femme, Joachim Pereyra, le consul d’Espagne, aperçoit l’épitaphe sur un monument funĂ©raire dĂ©cati. Il se met en quatre pour rendre la dĂ©pouille de Goya Ă  l’Espagne. PrĂšs de dix ans. C’est le temps qu’il aura fallu pour que les administrations française et espagnole accĂšdent Ă  la lĂ©gitime initiative du consul. Le 16 octobre 1888, ce dernier, accompagnĂ© de quelques tĂ©moins, dont le Bordelais Gustave Labat, regardent les fossoyeurs pĂ©nĂ©trer dans la crĂąne de Goya a disparu ! Les ossements de deux corps gisaient Ă©pars sur le sol 
 PrĂšs de l’entrĂ©e se trouvaient les dĂ©bris d’un colosse. C’était lĂ  ce qu’il restait de Goya. Seulement notre Ă©motion fut bien vive. Sa tĂȘte avait disparu. Une main sacrilĂšge l’avait dĂ©robĂ©. OĂč, quand, comment ? Stupeur ! Deux squelettes ont Ă©tĂ© sortis de leurs tombes. Le plus petit est entier. Le plus grand, manifestement celui de Goya, n’a plus de tĂȘte ! Pereyra pressent que la nouvelle pourrait compliquer le rapatriement. Il dĂ©cide donc d’envoyer en Espagne les deux corps , celui sans tĂȘte de Goya et celui de Goicochea. En 1899, une fois les contraintes budgĂ©taires et alĂ©as administratifs levĂ©s, les ossements prennent, enfin, le chemin de Ă  cette occasion, que le Bordelais Labat, tĂ©moin de l’inhumation, livre sa version des faits dans le bulletin de l’AcadĂ©mie des sciences, des belles lettres et des arts de Bordeaux Les ossements de deux corps gisaient Ă©pars sur le sol 
 PrĂšs de l’entrĂ©e se trouvaient les dĂ©bris d’un colosse. C’était lĂ  ce qu’il restait de Goya. Seulement notre Ă©motion fut bien vive. Sa tĂȘte avait disparu. Une main sacrilĂšge l’avait dĂ©robĂ©. OĂč, quand, comment ? » A qui appartient la main sacrilĂšge ? Des questions encore sans rĂ©ponse. La vĂ©ritĂ© se trouve bien quelque part mais oĂč ? Plusieurs hypothĂšses ont fleuri. Toutes convergent vers celle d’un adepte d’une science balbutiante au moment des faits la phrĂ©nologie. Une discipline qui consiste Ă  Ă©tudier le caractĂšre, le gĂ©nie, le talent ou le vice d'un individu, d'aprĂšs la forme de son crĂąne... Celui de Goya valait le coup d’oeil. Il se dit que l’artiste aurait donnĂ© son accord Ă  son mĂ©decin, le Docteur Gaubric, pour procĂ©der Ă  l’examen post mortem. Le geste sacrilĂšge aurait ainsi eu lieu dans le laboratoire de l’école de mĂ©decine de Bordeaux. C’est en tout cas ce que dit l’acte laissĂ© par Gaubric glissĂ© dans le cercueil. Il y est dit que le crĂąne a Ă©tĂ© remis Ă  la dĂ©pouille. Mais il n’y est pas. Il serait tout simplement restĂ© dans la salle d’anatomie. Et identifiĂ© comme tel. Un Ă©tudiant l’aurait sauvĂ© de la fosse commune quand il s’est agi de renouveler l’ossuaire. Dans les annĂ©es 1950 on trouve sa trace dans un bar espagnol des Capucins le Sol y Sombra. Au Sol y Sombra L’étudiant en mĂ©decine en aurait fait don Ă  ce petit bout d’Espagne. C’est toujours ça. Lors des agapes estudiantines, il est de coutume d’aller s’incliner devant le hĂ©ros national qui trĂŽne en Ă©vidence au fond du troquet. En 1961, un fait divers sonne le glas de l’établissement. On a d’abord cru Ă  un meurtre. Il s’agissait en fait d’une banale, mais tragique, intoxication au gaz. Le rideau est tirĂ©, tout le mobilier est repris par un brocanteur. Le crĂąne de Goya est aperçu pour la derniĂšre fois sur son Ă©tal, au marchĂ© aux puces de MĂ©riadeck. Goya est une figure Ă  la hauteur de sa lĂ©gende Luisa Castro, directrice de l’Institut CervantĂšs de Bordeaux. Le carabin cleptomane Une thĂšse sĂ©duisante. Dans son film, Samuel Alarcon, a procĂ©dĂ© Ă  une reconstitution mĂ©ticuleuse des derniĂšres heures de Goya. Il apparaĂźt selon sa thĂšse, que Goya a Ă©tĂ© mis en terre en un seul morceau. Sa tombe a donc Ă©tĂ© profanĂ©e... Le cinĂ©aste explore une voie loin de Bordeaux La peinture d’un crĂąne comme seul indice du crĂąne d’une peintre ». En l’occurrence une vanitĂ© intitulĂ©e CrĂąne de Goya », rĂ©alisĂ©e par le peintre Dionisio Fierros. DatĂ©e de 1849
. Or, Ă  cette date, quarante ans avant la terrible dĂ©couverte au cimetiĂšre de la Chartreuse, personne ne pouvait savoir que le crĂąne avait Ă©tĂ© dĂ©robĂ©. A moins que... Et puis les biographes disent de Fierros qu’il Ă©tait un peintre d’une grande probitĂ©. Aussi, celui-ci n’aurait pu rĂ©aliser le tableau sans modĂšle original. Il y a fort Ă  parier que le crĂąne a Ă©tĂ© volĂ© et acheminĂ© de l’autre cĂŽtĂ© des PyrĂ©nĂ©es. CoĂŻncidence troublante, avant d’ĂȘtre exposĂ© au musĂ©e de Saragosse, le tableau Ă©tait la propriĂ©tĂ© du Marquis de San Adrian. Or Goya lui avait tirĂ© le portrait, l’un de ses plus beaux. Et les deux hommes Ă©taient devenus amis lors de leur exil bordelais... Le petit-fils de Fierros passera sa vie Ă  chercher le crĂąne de Goya. Il publie un essai en 1943 sous le titre Mon Grand PĂšre a-t-il volĂ© le crĂąne de Goya ? ». Le documentaire de Samuel Alcaron remonte patiemment cette piste pour parvenir Ă  un dĂ©nouement
 incertain. Mais qui accrĂ©dite une autre des thĂšses qui circule Ă  Bordeaux. Celle d’un carabin espagnol, cleptomane et adepte de phrĂ©nologie qui aurait commis l’acte sacrilĂšge
191 ans aprĂšs sa mort, on ignore encore qui a volĂ© le crĂąne de Goya. Et encore moins oĂč il se trouve. J'avais deux idĂ©es explique le cinĂ©aste. La premiĂšre Ă©tait de jouer avec les codes du polar. La seconde Ă©tait d'aborder la relation pĂšre-fils. Chez moi, c'est une vĂ©ritable obsession Culture Livres Un ouvrage ressuscite l'homme et le talent de Maurice, cet acteur qui dĂ©testait les comĂ©diens. Garrel, le grand-pĂšre Ce n'est pas une biographie. Ni un Ă©niĂšme livre d'entretiens ou de MĂ©moires. C'est un livre particulier et, pour cela, prĂ©cieux. RĂ©ussi dans son intention si difficile, le portrait d'un acteur. On ne sait plus parler des acteurs. On ne sait plus trouver les mots justes, gratter, ressusciter un visage parcheminĂ©, une façon d'ĂȘtre au monde. Il faut avoir un regard et de l'Ă©criture. Jacques Morice a les deux. Maurice Garrel, plus qu'un acteur, fut surtout un homme, passionnant. De lui on connaĂźt surtout sa lignĂ©e, le fils, le cinĂ©aste Philippe Garrel, le petit-fils, l'acteur Louis Garrel. Mais qu'importe que le patriarche 1923-2011, cultivant l'effacement, soit restĂ©, malgrĂ© mille essais, un acteur de seconde catĂ©gorie. Qui a vu un jour Garrel chez Truffaut, Sautet, Deville ou Desplechin ne peut avoir oubliĂ© ce "corps de granit ou de bronze, tout en longueur" "Vous auriez Ă©tĂ© parfait en Homme qui marche, de Giacometti", imagine Morice. Peu importe - tant mieux, mĂȘme - que Garrel ne soit pas une superstar ! En vouvoyant Garrel Ă  l'Ă©criture, en mĂȘlant l'autoportrait au portrait, l'intime Ă  l'intime, Morice nous incarne sur cent pages un acteur Ă©tonnant qui dĂ©testait les acteurs, "ces artistes sans talent", un grand peintre, Ă©pris de Rimbaud, de Charles de Foucauld, de culture arabe et de philosophie, ancien rĂ©sistant, qui se tira une balle dans le coeur Ă  17 ans. Un rugueux de l'espĂšce des maĂźtres. À Morice le mĂ©rite d'avoir sorti de l'ombre une figure d'exception, qui ne cherchait pas la lumiĂšre. Moine-soldat, vigie du cinĂ©ma, "comme une figure quasi mythologique, s'exprimant au fond d'une grotte", Ă©crit Morice Ă  propos de Rois et reine, de Desplechin. Le verbatim qui suit, de Garrel, est de la mĂȘme eau tranchant, lumineux. "Il a tous les dons et il a tendance Ă  les gĂącher." Il parle alors de son petit-fils."Maurice Garrel, le veilleur", de Jacques Morice Stock, 216 p., 19,50 euros. Je m'abonne Tous les contenus du Point en illimitĂ© Vous lisez actuellement Garrel, le grand-pĂšre
Cest sans doute le cinĂ©aste italien le plus intĂ©ressant d’aujourd’hui : Marco Tullio Giordana signe, avec "LĂ©a", qui sort cette semaine, un film passionnant, d’une rare densitĂ© humaine. L’histoire de cette femme qui fuit, avec sa fille, la violence de la N’Drangheta, la mafia calabraise, est poignante. Le rĂ©alisateur revisite 20 ans de l’histoire de son pays, en filigrane

Jean Renoir, deuxiĂšme fils du grand peintre Pierre-Auguste Renoir, fut l’un des cinĂ©astes les plus influents du XXe siĂšcle et mĂȘme, selon Orson Welles, “le plus grand de tous les rĂ©alisateurs”. Cette situation exceptionnelle est le point de dĂ©part de “Renoir pĂšre et fils / Peinture et cinĂ©ma”. La prĂ©sente exposition, la premiĂšre consacrĂ©e par un musĂ©e Ă  la relation artistique complexe et fructueuse qu’ont entretenue Pierre-Auguste et Jean, se propose d’examiner, dans une perspective nouvelle et nuancĂ©e, la façon dont l’Ɠuvre du pĂšre et celle du fils ont pu s’entrecroiser. À travers tout ce que les deux hommes ont partagĂ© – des modĂšles et des lieux, une palette vibrante et les effets de lumiĂšre dans la nature -, elle se penche sur la production artistique d’un grand cinĂ©aste et d’un grand peintre sous l’angle fascinant de la lignĂ©e familiale. Cette approche intime et particuliĂšre du sujet met au premier plan les moments importants de la carriĂšre et de la vie de famille d’un pĂšre et d’un fils. Elle pose plus gĂ©nĂ©ralement la question du difficile dialogue entre deux modes d’expression artistique, la peinture et le cinĂ©ma. [
]».

RenoirpĂšre et fils (peinture et cinĂ©ma) « J’ai passĂ© ma vie Ă  essayer de dĂ©terminer l’influence de mon pĂšre sur moi » confiait Jean Renoir Ă  la fin de sa vie. Au fil d’un parcours foisonnant mĂȘlant tableaux, films, photographies et affiches, le musĂ©e d’Orsay explore Ă  l'occasion de l'exposition "Renoir pĂšre et fils" cette Article Ă©crit par La vie suicidĂ©e de Vincent Van Gogh selon Maurice Pialat la tristesse durera-t-elle toujours ? À la fin de À nos amours 1983, le personnage jouĂ© par Maurice Pialat rĂ©apparaĂźt pour rĂ©gler ses comptes avec sa famille et leur parler un peu de Vincent Van Gogh Quand Van Gogh est mort, il a soi-disant prononcĂ© une phrase 
. Il a dit La tristesse durera toujours ». La tristesse durera toujours. Et ça me frappait beaucoup cette phrase parce que je me disais mais
 En fait, je pensais comme tout le monde. Je croyais que c’était triste d’ĂȘtre un type comme Van Gogh. Alors je crois qu’il a voulu dire que c’est les autres qui sont tristes. Vous pensez pas ? C’est vous qui ĂȘtes tristes. » Ces quelques mots que le personnage de À nos amours a pour le peintre hollandais l’aident Ă  illustrer un peu mieux le dĂ©goĂ»t qu’il a pour sa femme et son fils ainsi que pour cette tristesse qui durera toujours. Il ne reconnaĂźt plus son fils Ă©crivain qui s’est vendu lui-mĂȘme pour vendre ses livres, ni sa femme devenue vulgaire, vivant dans une hystĂ©rie permanente. Seule sa fille Suzanne Sandrine Bonnaire, encore libre, arrive Ă  Ă©chapper Ă  l’Ɠil du pĂšre et lui donne un dernier moment de joie avant de le laisser seul. Police 1985 et Sous le soleil de Satan 1987 suivront À nos amours, mais Maurice Pialat pense peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  Ă  Van Gogh lorsqu’il se trouve en face de Sandrine Bonnaire en 1983. Comme s’il Ă©tait destinĂ© Ă  vivre seul, Ă  crever seul – la gueule ouverte ou en silence comme le peintre -, le cinĂ©aste courbe le dos dans À nos amours comme Jacques Dutronc dans Van Gogh. Il passe lĂ , un instant, sans que personne ne le remarque. Si la scĂšne finale de À nos amours fait exister le pĂšre comme jamais auparavant, pour Vincent Van Gogh, il faudra mourir. Suzanne aime son pĂšre mais selon ses mots Ă  lui, elle l’aimerait surtout mort Les gens qu’on aime beaucoup, on voudrait toujours qu’ils soient morts ». De la vie de Vincent Van Gogh, Maurice Pialat choisit de filmer les derniĂšres semaines qui ont prĂ©cĂ©dĂ© son suicide Ă  Auvers-sur-Oise. S’il s’agit d’une pĂ©riode trĂšs productive pour le peintre – soixante-dix peintures en un peu plus de deux mois -, le cinĂ©aste porte son regard ailleurs. Les peintures sont bien lĂ , sur le chevalet ou au sol dans l’atelier, mais elles apparaissent comme hors de leur contexte. La toile est grattĂ©e, la couleur Ă©talĂ©e Ă  la lame des couteaux et les peintures une fois terminĂ©es tombent par terre, se salissent et se font transporter sous le bras. Avant d’ĂȘtre un artiste, Vincent Van Gogh est un travailleur, traĂźnant ses outils dans les champs et se tuant Ă  la besogne. Maurice Pialat choisit de ne pas introduire le peintre mais de le filmer lĂ , descendant d’un train et s’installant en pleine campagne dans un hĂŽtel de fortune. Le Vincent Van Gogh cĂ©lĂšbre que le spectateur connaĂźt au mĂȘme titre que Leonard de Vinci ou Pablo Picasso n’est jamais rĂ©ellement prĂ©sent dans le film. Le cinĂ©aste utilise cette culture populaire que chacun des spectateurs a pour construire Van Gogh de ses non-dits et de ses absences. Aucune peinture reprĂ©sentĂ©e dans le film ne semble avoir plus d’importance qu’un verre de vin, qu’une consultation chez le docteur ou qu’une scĂšne d’amour dans la campagne. Comme c’est le cas dans quasiment tous ses films, le cinĂ©aste tente d’ancrer son film dans le rĂ©el – ici, dans la rĂ©alitĂ© de l’époque. Entre la vie de Vincent Van Gogh, vĂ©ritablement vĂ©cue par l’homme et sa peinture, Maurice Pialat construit son film. Seul, malade et loin de son frĂšre ThĂ©o Bernard Le Coq et de sa belle-sƓur Johanna Corinne Bourdon, Vincent Van Gogh, sous les traits que lui a donnĂ©s Maurice Pialat, traĂźne ici et lĂ  et cherche sa Suzanne. Si aucun moment de joie n’est filmĂ© par Maurice Pialat lorsque Vincent Van Gogh se trouve face Ă  l’une de ses peintures, dĂšs que l’artiste est dĂ©gagĂ© de son obligation de peindre, le film prend la lumiĂšre de toute part. La jeune Marguerite Alexandra London tombe amoureuse du peintre et grandit Ă  ses cĂŽtĂ©s, un repas aussi joyeux que celui de Loulou 1980 est organisĂ© dans le jardin du docteur Gachet GĂ©rard SĂ©ty et mĂȘme lorsque son voyage Ă  Paris tourne en pugilat avec son frĂšre, dans un bordel de la ville la vie apparaĂźt tout de mĂȘme, criarde et rieuse. La Suzanne de À nos amours est Marguerite mais elle est aussi tous ces instants oĂč Vincent oublie qu’il est Van Gogh. Lorsqu’il se jette dans l’Oise, lĂ  mĂȘme oĂč les impressionnistes aimaient peindre, ou lorsqu’il fait l’amour avec Cathy Elsa Zylberstein, c’est comme s’il brĂ»lait toutes ses toiles. La peinture comme moment de joie n’est prĂ©sente que lorsqu’elle vit concrĂštement dans le rĂ©el Ă  travers des gestes simples Johanna filmĂ©e comme une baigneuse d’Edgar Degas ou les balades dominicales Ă  la maniĂšre d’Auguste Renoir. Les peintres, les artistes, c’est les autres. ThĂ©o ne cesse de lui rappeler et Maurice Pialat Ă©galement lorsqu’il le filme Ă  nouveau seul, contraint de retourner Ă  une condition qui le tue. Ne pouvant plus peindre mais forcĂ© de continuer Ă  cause de tous ces yeux qui le regardent, Vincent Van Gogh se tire une balle de revolver dans le ventre et meurt en silence en tenant la main de son frĂšre. ThĂ©o mourra six mois plus tard. L’amour prĂ©sent dans la famille de À nos amours et entre Vincent et son frĂšre devrait les protĂ©ger de tout. Ce ne sera jamais le cas et c’est de lĂ  que vient la dĂ©chirure. GĂ©rard Depardieu terrorisĂ© comme un gosse quand se termine Loulou est seul chez lui et ne sachant plus qui regarder, fixe dans un dernier plan la camĂ©ra. Peut-ĂȘtre qu’il se demande qui viendra lui tenir la main Ă  lui. La tristesse durera donc toujours ? Si Maurice Pialat a tuĂ© Vincent Van Gogh, dĂ©jĂ  la vie reprend. Les enfants jouent Ă  la marelle, les femmes lavent le linge dehors et il va bientĂŽt ĂȘtre l’heure de passer Ă  table. Un peintre demande Ă  Marguerite si elle a connu Van Gogh et la jeune fille lui rĂ©pond que c’était un ami. LepĂšre de l’artiste, en revanche, a tout de suite pressenti la grande carriĂšre qu’allait faire son fils, et sa fiertĂ© lui fit exposer et vendre les premiĂšres rĂ©alisations de William enfant. Le peintre a toujours vĂ©cu chez son pĂšre qui lui servait d’assistant. Il est mĂȘme dit que ce dernier a signĂ© quelques toiles de son fils. Les accĂšs de dĂ©pression de William Turner ont
“C’était le Gepetto d’ET” expliquait rĂ©cemment Spielberg. Son pĂšre donc; celui qui avait su lui insuffler la vie, ou mieux le pneuma, son souffle vital. Avec Carlo Rambaldi nĂ© en 1925 en Emilie-Romagne et mort vendredi 10 Ă  l'Ăąge de 86 ans ce n’est pas seulement l’un des plus talentueux artisan du cinĂ©ma qui s’éteint, mais un vĂ©ritable sorcier. Peintre, sculpteur, bricoleur de gĂ©nie, Rambaldi a contribuĂ© Ă  rĂ©volutionner le cinĂ©ma euphĂ©misme en donnant vie aux plus grandes crĂ©atures du septiĂšme art. RestĂ© cĂ©lĂšbre pour avoir fait marcher ET, il avait avec HR Giger créé le xĂ©nomorphe d’ disait sorcier ? On connait la lĂ©gende en 71, pour une scĂšne rĂȘvĂ©e du Venin de la peur, Lucio Fulci avait demandĂ© Ă  Rambaldi d'imaginer des chiens Ă©viscĂ©rĂ©s. Ses crĂ©atures paraissaient tellement rĂ©elles que la justice italienne attaqua Fulci pour “torture sur animaux” et Rambaldi dut venir au tribunal avec ses marionnettes pour sauver le cinĂ©aste de la prison et prouver que tout cela n’était que du cinĂ©ma ! Magie d’une Ă©poque oĂč le septiĂšme art prĂ©tendait encore Ă  l’illusion du rĂ©el... Et sans rejouer l’éternelle guerre entre l’artisanat et l’industrie numĂ©rique, entre Ray Harryhausen et ILM ou bien l’hybris contre la mĂ©canisation, on reconnaĂźtra que les crĂ©atures de Rambaldi avaient une certaine gueule. A une Ă©poque oĂč les effets spĂ©ciaux ne passaient pas encore uniquement par les prouesses d’un ordinateur, il avait su transformer la matiĂšre pour donner corps aux fantasmes des cinĂ©astes. Pape de la mĂ©catronique - cette discipline qui combinait la mĂ©canique, l’électronique et l’ingĂ©nierie - il ne cachait pas son mĂ©pris pour l’infographie et vantait l’artisanat de son mĂ©tier “Je suis un crĂ©ateur d’acteurs mĂ©caniques, qui n’existent pas dans la rĂ©alitĂ©. Ce qui m’intĂ©resse, c’est la combinaison entre mĂ©canisme, forme et reproduction du mouvement”.Parti d’Italie oĂč il rĂ©volutionna l’art du maquillage et des effets spĂ©ciaux et imprima sa marque sur le fantastique transalpin des 60’s, son gĂ©nie fut rĂ©vĂ©lĂ© par Dino de Larentiis et rapidement rĂ©cupĂ©rĂ© par Hollywood Joseph Mankiewicz pour ClĂ©opĂątre, John Huston pour La Bible firent appel Ă  lui. Avant que les glorieuses 70’s fassent de lui le roi des SFX successivement, il conçut le King Kong de Guillermin mĂȘme si sa sculpture de 12 mĂštres apparait finalement peu dans le film, les Greys de Rencontres du troisiĂšme type l’Alien, ET et les vers de Dune. ET et Alien lui vaudront l’Oscar des meilleurs effets spĂ©ciaux. Mais Ă  cĂŽtĂ© de ces classiques, les cinĂ©philes se souviendront aussi de la pieuvre qui attaque Isabelle Adjani dans le fantasme de Possession ou du masque-tuba qu’il avait imaginĂ© pour Danger Diabolik de Mario Bava cinĂ©aste avec lequel il travailla Ă©troitement pendant de longues annĂ©es.C'est un pan entier du cinĂ©ma fantastique qui disparaĂźt aujourd'hui et la mort de Carlo Rambaldi laisse les crĂ©atures les plus folles du septiĂšme art dĂ©finitivement orphelines.
LONDRES Le fils d'Oussama Ben Laden, Omar, semble avoir trouvĂ© dans la peinture un moyen de composer avec le confinement visant Ă  freiner la propagation de la Covid-19. Omar, ĂągĂ© de 39 ans, est le quatriĂšme fils de l'ancien chef d'Al-QaĂŻda. Il vit en Normandie, dans le nord de la France, avec sa femme Zaina, une peintre originaire du Cheshire au On se sent un peu ivre avant le moindre verre de vin. Jean-Marie Rouart nous a invitĂ©s Ă  dĂ©jeuner chez lui, mais Ă  peine dans la place, la tĂȘte tourne Ă  voir autant de tableaux partout, dans l’entrĂ©e de l’appartement, le salon, le bureau, la chambre, Ă  cĂŽtĂ© de son lit et au-dessus de la tĂ©lĂ©, dans le couloir, et mĂȘme des dessins dans les toilettes ! L’acadĂ©micien de 78 ans, Ă©crivain, journaliste politique puis longtemps directeur du Figaro littĂ©raire, n’a pratiquement pas un centimĂštre carrĂ© de libre sur ses peintures du post-impressionnisme Ă  l’époque plus contemporaine de son pĂšre, mais toujours figuratives, l’accompagnent depuis toujours, lui dont la grand-tante s’appelait Julie Manet, fille de l’artiste Berthe Morisot et niĂšce d’Edouard Jean-Marie Rouart, acadĂ©micien de 78 ans, Ă©crivain, journaliste politique puis longtemps directeur du Figaro littĂ©raire, les murs sont couverts de dessins et de peintures. LP/Olivier LejeuneL’hĂ©ritier - qui n’a pas d’enfant - vient d’effectuer une donation de douze Ɠuvres signĂ©es de quatre artistes Henri Rouart son arriĂšre-grand-pĂšre, peintre, collectionneur et industriel de gĂ©nie, Henry Lerolle son autre arriĂšre-grand-pĂšre, Maurice Denis, et Augustin Rouart, son papa, le plus mĂ©connu de la lignĂ©e. Mon pĂšre Ă©tait le contraire de moi. Il avait une maladresse sociale, un peu sauvage, ombrageux. Il voulait mener une vie d’artiste sans devenir un toutou acadĂ©mique. Et moi, j’ai dit trĂšs jeune que je serais Ă©lu Ă  l’AcadĂ©mie », sourit ce grand vivant, qui a toujours vĂ©cu parmi la peinture. Chez Julie, il y avait treize Manet. On tirait dessus Ă  la carabine Ă  flĂ©chettes et l’on ne se faisait jamais engueuler. Dans la famille, on aimait la peinture de maniĂšre mystique, mais on ne parlait jamais de leur prix, rit-il comme un grand enfant. Ce n’était pas la bourgeoisie française moralisatrice. Il y avait la messe et les tableaux de femmes nues. J’ai grandi dans un catholicisme tolĂ©rant ». Ma grand-tante est partout Ă  Orsay »On vient de sortir du mĂ©tro, et ce mage facĂ©tieux nous tĂ©lĂ©porte dans une dynastie d’artistes qui remonte Ă  l’impressionnisme J’avais 22 ans quand Julie est morte. MallarmĂ© et Renoir avaient Ă©tĂ© ses tuteurs. Les autres petits-enfants s’en fichaient un peu. Moi, j’adorais l’écouter. Elle me racontait plein d’histoires. Paul ValĂ©ry, qui Ă©tait aussi de la famille, n’avait pas un sou. » Dans l’entrĂ©e, on avise quatre dessins du poĂšte, qui maniait le crayon presque aussi bien que la ce poids familial, il en parle avec lĂ©gĂšretĂ© J’ai ma grand-mĂšre au musĂ©e de l’Orangerie. La Jeune Fille au piano de Renoir, c’est elle. Et ma grand-tante est partout Ă  Orsay », sourit-il. De ses dĂ©buts dans le journalisme, il avoue Je suis entrĂ© au Figaro grĂące Ă  Jean Renoir, qui connaissait le patron. » Le cinĂ©aste, fils du peintre, lui aussi ami de la vie trop facile ? MĂ©fiance. Jean-Marie Rouart voue une fidĂ©litĂ© sans faille Ă  son pĂšre, peintre oubliĂ© dans cette descendance tourmentĂ©e On vivait chichement dans un petit appartement rue Montparnasse. Mon pĂšre Ă©tait fauchĂ©, mais toujours bien sapĂ©. Il y avait une grande distorsion entre nous et d’autres branches de la famille ». Jean-Marie, peut-ĂȘtre marquĂ© par les Ă©checs de son gĂ©niteur, qui a peint toute sa vie dans l’ombre, n’a jamais voulu toucher Ă  un pinceau, lui prĂ©fĂ©rant le stylo. Enfant, on me disait Si tu as Ă©tĂ© sage, samedi, on ira au Louvre. Ah non ! ».Parmi les tableaux de son pĂšre Augustin, une jeune femme en short allongĂ©e sur son lit le portrait de sa mĂšre. LP/Olivier LejeuneLes musĂ©es, trĂšs peu pour lui. Il en a un Ă  domicile. Ces douze tableaux, aprĂšs leur prĂ©sentation de juin Ă  octobre au Petit Palais, reviendront bien vite dans son appartement il en garde l’usufruit, jusqu’à son dĂ©cĂšs. On le comprend, il a toujours vĂ©cu avec, comme ce portrait de sa mĂšre, jeune femme en short allongĂ©e sur son lit, observĂ©e par un chat sur le rebord de la fenĂȘtre, harmonie dĂ©licate de jaune et de bleu. L’un des plus beaux tableaux du paternel, mais pour lui, l’équivalent d’une photo de famille Regardez, mon pĂšre m’a mĂȘme peint sur ma chaise bĂ©bĂ©. Ces tableaux, c’était tellement humain ».Ces Ɠuvres, pour lui qui vit seul, ce sont les siens, dans tous les sens du terme. Les lĂ©guer, c’est leur offrir un peu d’éternitĂ©. Et pour le Petit Palais, comme le dit Christophe LĂ©ribault, son directeur, c’est important de faire revivre une dynastie familiale qui a comptĂ© dans l’histoire de la peinture Ă  Paris ». Augustin Rouart, disparu en 1997, avait bĂ©nĂ©ficiĂ© avant sa mort d’une petite exposition en mairie pour ses 80 ans, Ă  l’initiative de son fils. Le pĂšre, coupĂ© du milieu, ne savait mĂȘme pas quel critique inviter. Depuis, Jean-Marie a rachetĂ© plusieurs tableaux Ă©parpillĂ©s d’Augustin, pour rĂ©unir l’Ɠuvre. Un legs, et une filiation. Augustin Rouart, la peinture en hĂ©ritage », Petit Palais Paris VIIIe, du 1er juin au 3 octobre. TwFCYG.
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